Ce que j'ai pensé de

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Des bouquins, et pas de place pour les ranger

lundi 3 février 2014

Vite lu : La carte et le territoire, de Michel Houelebecq.

Vite Lu :  La carte et le territoire, de Michel Houellebecq, édité par Flammarion.

À l'occasion de sa sortie en poche chez J'ai Lu, je vous propose la petite note de lecture que je m'en étais fait à sa sortie chez Flammarion. 

À noter une excellent critique de Mélanie, d'avis totalement opposé au mien sur Des Poches Sous les Yeux, c'est ici. 


Après une dizaine de pages, je suis allé vérifié : oui, c'est bien la carte et le territoire qui a reçu le Prix Goncourt en 2010. On a beau se dire que c'est un Goncourt de rattrapage, pour faire oublier que l'académie avait laissé passer les particules élémentaires, un prix devrait couronner un livre, pas effacer les offenses qu'il a faites à un auteur.
Rien ne marche, dans la carte et le territoire. Enfin, je ne marche dans rien. Sauf le titre, qui ne serait pas même de Houellebecq. Il laisse présager une réflexion sur la représentation de la réalité, et on espère retrouver les vertigineuses prises de tête de Proust quand il discours sur les noms de pays. Mais non. Le cynisme de Houellebecq prend petit à petit le pas sur son talent, et c'est à pleurer. Parfois, il fait un effort et on se dit : mais si tout le livre avait pu être ça. Lorsque Jed Martin, le personnage principal entend son père parler vraiment, pour la première fois, il prend enfin la dimension d'un personnage entier. Mais on est à plus de la moitié du livre. Avant cela, tous les personnages sont des facettes qu'on devine chez Houellebecq, et le Houellebecq mis en scène par Houellebecq ne nous surprend pas assez pour qu'on marche à la mise en abyme. La partie enquête policière du livre est simplement gâchée. Elle commence comme un petit polar interne au reste du livre, et trouve un dénouement sans intérêt, et le cynisme de Houellebecq vire à la dénonciation niaise des méchants chirurgiens esthétique. C'est à pleurer.

À la sortie du livre, les plus enthousiastes ont acclamé la justesse de l'analyse sociologique. Mais non. Non, le name dropping et la description de quelques installations d'art contemporain ne font pas une analyse sociologique. L'ironie de la description de Jean-Pierre Pernaud ou de Begbeider est insuffisante pour faire oublier que Michel Houellebecq ne fréquente probablement que ce genre de personnes. L'évocation des montants astronomiques auxquels se vendent les rebuts des galeries ne suffit pas non plus à faire une critique sociétale. On n'apprend rien de neuf, on ne ressent rien de fort. C'est de l'usurpation. Houellebecq qui fait semblant de faire du Houellebecq. Est-ce qu'il travaillait plus pour les particules élémentaires ? Est-ce qu'il est seulement usé par la contradiction entre sa critique du système libéral et son exil fiscal, entre son cynisme affiché face à un showbiz dévoyé, et sa propre fascination pour les paillettes et les putes ? Houellebecq m'avait donné envie d'écrire il y a quinze ans, il ne me donne même plus envie de lire.



Note : J'ai lu reçoit mon prix mensuel de la couverture la plus ridicule.

TL ; DR : La carte et le territoire, de Houellebecq, a reçu un Goncourt de rattrapage. Pour moi, rien ne tient, tout tourne à vide. Reste le style, parfois. Mais d'autres ont un avis très différent. 

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