tag:blogger.com,1999:blog-28017630572250002282024-02-19T09:43:49.993+01:00Ce que j'ai pensé de...Le blog littéraire de Michel Goussu. Des chroniques de livres de poche. Littérature contemporaine, ou non, française, ou non. Diffusées dans l'émission Des Poches Sous Les Yeux, de Radio Béton, pour les poches. Parfois, juste pour vous. Et un peu de promotion pour mon premier roman, Le Poisson pourrit par la tête, au Castor Astral.mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.comBlogger164125tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-59419883433809338532021-10-27T10:39:00.004+02:002021-10-27T10:58:04.497+02:00Jean-Paul Dubois : Tous les auteurs n'habitent pas la littérature de la même façon.<p> </p><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://ref.lamartinieregroupe.com/media/9782757864333/grande/134438_couverture_Hres_0.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="364" height="320" src="https://ref.lamartinieregroupe.com/media/9782757864333/grande/134438_couverture_Hres_0.jpg" width="194" /></a></div>J'ai découvert <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Dubois">Jean-Paul Dubois</a> sur l'étagère d'une médiathèque, avec le bandeau Goncourt 2019. Il y a pas mal de Goncourts qui m'ont rendu fou de rage. J'ai détesté Trois femmes puissantes, j'ai trouvé que La Carte et le Territoire était un des moins bons romans de Houellebecq, bref, j'ai cessé de lire les Goncourt. Et puis on préfère découvrir un auteur avant qu'il ait un prix, ça permet ensuite de se la jouer, de dire "Attends, c'est maintenant que tu m'en parles ? Mais j'ai lu tous ses livres précédents. Toi, il faut toujours que l'establishment te dise ce que tu dois lire, hein, blaireau ?" et cette fois, le blairau, c'est moi. </div><div><br /></div><div>Bref, j'étais dans un de ces marécages où tout ce qui vous tombe sous les
mains vous semble mal écrit, souvent parce qu'on a relu un auteur
adoré, Gary, Fante ou Roth, alors j'ai pris <i>Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon</i> et j'ai plaidé ma cause auprès de la médiathécaire parce que j'avais oublié ma carte de lecteur. Dès les premières phrases j'y ai trouvé ce que je viens chercher dans un livre : une voix, une façon d'écrire assez personnelle pour vous donner l'illusion que vous faites connaissance avec celui qui écrit en même temps qu'avec ses personnages. </div><div><br /></div><div>Je suis revenu deux jours après, et j'ai pris <i>Vous plaisantez Monsieur Tanner</i>, et j'ai été déçu. Répétitif, désespéré, désespérant, je me suis dit, ah mince, j'ai choisi le meilleur en premier, tout le reste va me sembler fade. Et puis j'ai lu<i> Les accommodements raisonnables</i> et <i>Une vie française</i> et la conversation a repris. </div><div><br /></div><div>Évidemment, il aurait fallu chroniquer ces livres au fur et à mesure que je les lisais, mais il y a une logique à rendre compte de l'ensemble. D'abord, parce qu'il y a des invariants chez Jean-Paul Dubois. Je ne parle pas seulement des tondeuses, de Toulouse ou du Canada. Il y a des figures qui reviennent. En premier lieu celle de la femme, Anna, toujours étrangère alors qu'elle devrait être intime, toujours ambitieuse alors que le narrateur contemplatif se laisse aller à vivre. Souvent, le père, qu'on croyait bien connaître et qui est toujours autre, et dont les trahisons, parfois minimes, parfois monumentales, révèlent le narrateur à lui-même.<br /><br /></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://ref.lamartinieregroupe.com/media/9782757888674/grande/147419_couverture_Hres_0.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="364" height="320" src="https://ref.lamartinieregroupe.com/media/9782757888674/grande/147419_couverture_Hres_0.jpg" width="194" /></a></div>On comprend avec Jean-Paul Dubois et ces répétitions pourquoi Kundera dit que chaque personnage est un ego expérimental. Lire tous les livres de Jean-Paul Dubois à la suite, c'est un peu comme regarder une série à la télévision. Dans chaque épisode, les personnages seraient les mêmes, joués par les mêmes acteurs, mais d'un épisode à l'autre, ils habiteraient une autre maison, auraient un autre métier, un autre passé, et ils vivraient une aventure complètement indépendante de celle de l'épisode précédent. Sauf qu'à chaque fois, ce serait le même ego expérimental, les mêmes règles affectives qui seraient soumis à des conditions différentes, comme des humains de laboratoire. </div><div><br /></div><div>Bien-sûr, on aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, que chacun de ces romans soit de l'ampleur de<i> Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon</i>, ou <i>Une vie française, </i>que chacun ait la même finesse que <i>Les accommodements raisonnables</i>, et on regrette les répétitions de<i> Vous plaisantez, Monsieur Tanner,</i> ou la fin un peu artificielle d'<i>Hommes entre eux</i>. Mais dans un paysage éditorial ou chaque écrivain semble vouloir faire un coup, ou "adresser une thématique d'actualité", il est si doux de s'abandonner à une voix particulière, de retrouver Jean-Paul Dubois comme on retrouve un copain qui vit aux antipodes, et qu'on ne voit qu'une ou deux fois par an pour se raconter nos vies, ni dramatiques, ni exemplaires, juste nos vies d'egos expérimentaux qui cherchent à habiter le monde, chacun à sa façon. <br /></div><div> </div><div>La majeure partie des livres de Jean-Paul Dubois est <a href="https://www.editionspoints.com/auteur/jean-paul-dubois/1927" target="_blank">disponible en Poche, chez Points</a>. </div>mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-20247717600143125942021-03-13T23:48:00.001+01:002021-03-13T23:48:05.885+01:00À la ligne, de Joseph Ponthus<p> </p><p>J'ai été agronome, statisticien, banquier, paysan, déballeur,
traducteur, chef de projet informatique, prof de math, attaché
territorial, j'ai fait tout ce que je pouvais faire pour gagner ma vie
en continuant à écrire, mais je n'ai jamais bossé à l'usine. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://www.editionslatableronde.fr/media/cache/couverture_medium/flammarion_img/Couvertures/I23673.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="456" data-original-width="311" src="https://www.editionslatableronde.fr/media/cache/couverture_medium/flammarion_img/Couvertures/I23673.jpg" /></a></div><br /><p></p>
<p>Joseph Ponthus, si. Pour suivre son épouse en Bretagne, il a quitté
son métier d'éducateur spécialisé, et il pousse des bulots dans le
ventre d'une machine, il trie des tas de crevettes, il nettoie le sang à
l'abattoir, il accroche des carcasses, il pousse des carcasses, il trie
des carcasses, il aiguille des carcasses, il se brise la carcasse et il
rentre chez lui pour écrire à la ligne. À la ligne, publié aux éditions
de la table ronde. </p>
<p>Le sous-titre du livre est feuillets d'usine. Et à la ligne prend ce
double sens de ligne de production et d'écrivains payés à la ligne. Il
n'y a que des lignes, pas de points, pas de ponctuation, on est entre la
prose ouvrière et la poésie de combat. </p>
<p>Joseph Ponthus ne va pas à l'usine pour raconter la condition
ouvrière, il va à l'usine parce qu'il a besoin d'argent, parce qu'il n'y
a pas de job dans son domaine, Il va chercher l'argent nécessaire à
leur vie, à la vie qu'il a choisie avec la femme qu'il aime. Ce n'est
pas la bourgeoisie bienveillante qui se fait martyre, ce n'est pas
Simone Weil travaillant son statut de martyre, c'est ce qui nous pend au
nez à tous, quand on arrive en fin de droit et qu'on n'a pas trouvé
autre chose que l'interim. </p>
<p>J'ai vu des points des virgules, vraiment, des hallucinations que mon
esprit posait parce que le rythme de la phrase était évident. Parfois,
en revanche, j'ai dû relire une fois ou deux parce que le retour chariot
qui aurait remplacé un point n'était pas là où je l'aurais voulu. Mais
pourtant, le style du livre ne tient pas sur cette écriture à la ligne.
Ponthus écrit simplement, il écrit droit quand son corps est courbé et
quand son esprit vrille : "Aujourd'hui, j'égoutte du tofu, comme un
mantra délirant de l'absurdité de ses journées de boulot. Journées,
nuit, les horaires font mal." </p>
<p>On aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, que Ponthus sorte un peu de
l'usine, qu'il nous dise comment ils font, elles qui terminent à 23
heures, lui qui embauche à 5 heures du matin, comment ils font pour se
voir, pour s'aimer, ce qu'il reste d'énergie, comment on évite les
drames. Et pourtant, on sent l'amour à chaque page, pour son épouse
amour, pour sa mère, pour ceux avec qui ils travaillent, sauf ces
quelques connards, ces tire-au-flanc, ces cheffaillons. Mais ce n'est
pas un pamphlet, Ponthus avoue la fierté quand on tient, la camaraderie.
Il n'y a pas de morale, pas de solution donnée, on aurait presque aimé
un peu plus d'arc narratif, ou une chute, mais il le dit, on le sait, il
n'y a pas de point final à la ligne de production, pas de point de
final pour A la ligne, le livre de Joseph Ponthus, qu'on trouve aux
éditions de la table ronde.</p><p><br /></p><i>Addendum : Merde. En
février dernier, un cancer a mis un point final à la ligne de Joseph
Ponthus. Je n'avais pas publié cette chronique, parce que Radio Béton me
demandait de ne publier que des chroniques de livre de poche. Et je
suis là, comme un con, je repense à Jospeh Ponthus, que je n'ai jamais
rencontré, et qui habitait à moins d'une heure de chez moi, et je me
dis, merde, c'est moche, mais il y a tellement d'autres écrivains dont
la mort ne m'aurait pas touché. Tellement dont je suis jaloux du succès
parce que je trouve qu'ils ne le méritent pas, alors que je me
réjouissais chaque fois qu'on parlait de Joseph, j'avais presque
l'impression d'être devenu un peu moins con, parce que je ne me disais
pas "merde, mes livres ne se vendent pas", je me disais "Yes, un livre
qui parle vrai et avec poésie, et tout le monde le voit, tout le monde
le lit, putain, si un mec mérite de vivre (de ce qu'il écrit), merde,
c'est lui." </i>mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-53346821720553282462018-11-13T13:51:00.003+01:002018-11-13T13:54:38.730+01:00Un long moment de silence, Paul Colize<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://yspaddaden.com/wp-content/uploads/2015/12/Un-long-moment-de-silence-1.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://yspaddaden.com/wp-content/uploads/2015/12/Un-long-moment-de-silence-1.jpg" data-original-height="321" data-original-width="200" height="320" width="199" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
J’ai emprunté à la médiathèque “Un long moment de silence” de Paul Colize, dans une chouette édition de la <a href="https://www.lamanufacturedelivres.com/">Manufacture de livres</a>. On ne peut pas lire que des poches...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
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Stanislas Kervyn, patron autoritaire d’une entreprise de cyber-sécurité a écrit un livre enquête sur une tuerie qui a eu lieu en 1954 à l’aéroport du Caire, et dont son père a été une victime collatérale. Après une interview télévisée, un appel lui révèle que son enquête est incomplète, pire qu’il a fait fausse route. </div>
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<br /></div>
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Nathan Katz est arrivé à New-York en 1948. Il rencontre d’autres rescapés des camps de concentration, qui, comme lui, ne supportent pas l’idée que la plupart des bourreaux SS poursuivent une vie tranquille sous une identité parfois si simple à démasquer. </div>
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<br /></div>
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La structure du roman est tout à fait classique. Les deux histoires sont déroulées en parallèle et le suspense repose sur la façon dont elle vont se connecter. De même, le personnage du narrateur est un anti-héros parfait, pas dans la veine du loser magnifique mais dans celle du salopard hyper-efficace. Pour corser encore l’antipathie qu’il provoque au lecteur, Paul Colize a affublé Stanislas Kervyn d’une addiction sexuelle qu’il satisfait de manière brutale ; plutôt Marlon Brando que Dom Juan. Il lui faut une faiblesse pour que le lecteur le supporte, Colize lui colle des migraines terribles. Le style est direct, sans fioriture, très efficace. Bref, un thriller qui marche bien. </div>
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<br /></div>
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On tourne les pages de manière compulsive, mais sans en attendre plus qu’une intrigue bien menée. Les personnages sont à la limite de la caricature, un narrateur ténébreux, une belle traductrice inatteignable, un héros vengeur qui doit faire des choix cornéliens. </div>
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<br /></div>
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Le risque de ce genre de livre aurait été de prendre le lecteur en otage, de tirer sur la corde sensible des rescapés de camps, et de se contenter d’une intrigue paresseuse.</div>
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<br /></div>
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<a href="http://www.folio-lesite.fr/var/storage/images/product/f57/product_9782072730597_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://www.folio-lesite.fr/var/storage/images/product/f57/product_9782072730597_195x320.jpg" data-original-height="320" data-original-width="194" height="200" width="121" /></a>Et puis, au fur et à mesure qu’on s’enfonce dans le livre, les motivations des héros expliquent leurs comportements, on comprend les cuirasses de violence, sexuelle, sociale, les fêlures qu’elles camouflent, on espère une rédemption, qui semble presque possible. </div>
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<br /></div>
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On aurait aimé, enfin, j’aurais aimé, plus de description, parfois. À force de vouloir faire tourner les pages, Colize nous prive des visages et des paysages. Mais on s’attache aux personnages, et c’est pour ça qu’on aurait aimé, enfin que j’aurais aimé qu’un long moment de silence, paru à La manufacture de livres, soit édité en poche pour en faire une chronique pour <a href="http://www.despochessouslesyeux.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=47&Itemid=37">Des poches sous les yeux</a>. J’écris celle-ci, je laisse passer quelques jours et je pense enfin à vérifier : Ah, Un long moment de silence, le très bon thriller de Paul Colize est publié chez folio-policier ! </div>
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<br /></div>
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<br /></div>
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<span style="font-size: x-small;">PS : audio à venir... quand j'ai le temps. </span></div>
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<br /></div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-50603641755129524472018-05-23T20:59:00.000+02:002018-05-23T20:59:34.764+02:00J'ai épousé un communiste. Philip Roth.<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/f9c/product_9782070141104_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/f9c/product_9782070141104_195x320.jpg" data-original-height="286" data-original-width="195" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Quarto/L-Amerique-de-Philip-Roth">J'ai épousé un communiste</a>, disponible en quarto chez Gallimard ou en poche chez folio, est un des romans du cycle Nathan Zuckerman, de Philip Roth.</div>
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<br /></div>
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Philip Roth a le don. Le don des grands écrivains. En quelques lignes, sans effet de style particulier il vous fait entrer dans ce roman comme il vous ferait entrer dans sa famille. Il vous présente Murray Ringold, son professeur d’anglais au lycée, et surtout, son frère Ira, qui fut pour lui une figure quasi paternelle. Comme souvent dans ce cycle, le roman commence par la fin. Murray Ringold est un vieil homme, et Ira est déjà mort. Et pourtant, en quelques pages, on le voit, cet homme démesuré, qui prend le communisme comme une raison à sa colère prééxistante, ce géant paradoxal, effrayant et généreux. </div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je me sens toujours un peu ignorant, en littérature, mais il me semble que cette évocation du communisme américain est plutôt rare, et je découvre en tous cas avec Philip Roth comment la deuxième guerre mondiale a été l’occasion d’importer des idées qui terrifièrent une Amérique en plein bras de fer avec l’Union soviétique, en guerre avec la Corée bien avant le Viet-Nam. </div>
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<br /></div>
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Mais Ira est un homme paradoxal. Il a autant soif de reconnaissance que de justice sociale. Son équilibre, il le trouve avec son métier d’acteur pour la radio, il est la voix de l’émission « the free and the brave ». En plein dans les paillettes qu’il dénonce, il se marie avec Eve Frame, une actrice dont la gloire commence à pâlir. La fille de celle-ci, née d’une précédente union, va servir de catalyseur au désastre annoncé de ce mariage de la carpe et du lapin. Ira, juif, communiste, flamboyant, sera la victime expiatoire parfaite d’une Amérique en pleine réaction. </div>
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<br /></div>
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L’histoire d’Ira, d’Eve, de Murray, de sa femme Doris, de leur fille Lorraine, tout cela ressemble à un roman familial. Mais Philip Roth trace le portrait de l’Amérique, de l’après guerre aux années quatre vingt-dix. Johnny O’Day, ce communiste pur de pur qui a formé Ira nous convaincrait presque de prendre notre carte du parti. Mais Roth balaie les illusions de ses personnages. Il le fait par la voix du sergent Erwin Goldstine, jadis aussi à gauche qu’Ira, mais qui une fois revenu est devenu le petit patron d’une usine de matelas. </div>
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<br /></div>
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« Écoute pas ce qu’il te raconte, petit. Tu vis en Amérique, c’est le pays le plus formidable du monde, le système le plus formidable du monde. Il y a des gens qui se font chier dessus, d’accord. Tu crois qu’il n’y en a pas en Union Soviétique ? Il te dit que dans le capitalisme les loups se mangent entre eux ? C’est quoi, la vie, sinon un système où les loups se mangent entre eux ? Notre système est en prise directe avec la vie. Et c’est pour ça qu’il marche. Écoute, tout ce que disent les communistes sur le capitalisme, c’est vrai. Et tout ce que disent les capitalistes sur le communisme, c’est vrai. Seulement notre système marche parce qu’il est fondé sur une vérité : l’égoïsme humain ; le leur ne marche pas parce qu’il est fondé sur un conte de fées : la fraternité humaine. Il est tellement dingue, leur conte de fées, qu’ils sont obligés de te coller les gens en Sibérie pour qu’ils y croient. [...] « On va faire des trucs formidables. » Mais enfin, quoi, on connaît son frère. On sait bien que c’est un enfoiré. On connaît son ami. C’est un demi-enfoiré. Et nous aussi on est des demi-enfoirés. Alors comment veux tu que ça soit formidable ? […] Ça tient pas debout ! »</div>
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<br /></div>
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Le livre de Philip Roth, lui, tient debout. Et même si on aurait aimé enfin, si j’aurais aimé, qu’il élague quelques scènes inutilement naturalistes, on ne peut être qu’admiratif de la façon dont il mêle les Amériques, blanche, noire, juive, riche, pauvre, et aussi, communiste, au point de nous faire nous demander si les excès du Mc Carthisme n’ont pas évité d’autres excès au moins aussi meurtriers. J’ai épousé un communiste, disponible en poche chez Folio, est à la fois, divertissant, instructif, enthousiasmant, dérangeant, et on aurait du mal à trouver dans le paysage littéraire français un écrivain aussi libre, aussi sincère, aussi puissant que ce Philip Roth du cycle Zuckermann. </div>
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<br /></div>
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<a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/RothCommuniste.mp3">L'audio</a>, pour ceux qui les écoutent. </div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-18231485441675871762018-03-01T19:35:00.003+01:002018-03-01T19:38:13.034+01:00La pastorale américaine, Philip Roth<a href="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/f9c/product_9782070141104_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/f9c/product_9782070141104_195x320.jpg" data-original-height="286" data-original-width="195" /></a>Il faut un peu de patience pour lire la Pastorale américaine, de Philip Roth, disponible <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/Pastorale-americaine">en poche chez Folio</a>, ou <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Quarto/L-Amerique-de-Philip-Roth">en collection Quattro</a>, avec le reste du cycle Zuckerman. Pourtant, les premières pages font immédiatement naître des images. On est en quelques phrases dans un quartier juif de l'Amérique d'avant guerre. Le narrateur ouvre le livre sur un panégyrique de cet incroyable juif blond, qui jouait en même temps dans trois équipes universitaires, basket, baseball, football, et qui avait ensuite eu l'incroyable force morale d'abandonner tout ça pour reprendre et continuer à faire prospérer l'usine de gants que son père avait montée à partir de rien. On appelait ce juif le suédois, beau, grand, fort, et si lisse qu'il avait quelque chose de presque désespérant.<br />
<br />
Évidemment, derrière la façade, c'est toute l'Amérique qui se lézarde. Mais alors, pourquoi nous présenter l'histoire du drame provoqué par la fille du suédois comme une simple élucubration du narrateur ? Pourquoi nous forcer à cette distanciation, dont on mettra des pages à se défaire ? Par scrupule, peut-être, parce que le sujet est assez sévère : comment un père modèle peut-il engendrer un monstre ? A moins que ce ne soit l'Amérique toute entière qui ait contribué à la fabriquer ?<br />
<br />
<a href="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/5c4/product_9782070417360_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/5c4/product_9782070417360_195x320.jpg" data-original-height="320" data-original-width="194" /></a>Ce qu'il y a de formidable, c'est l'absence de parti-pris du livre. Les choses ne sont pas simples dans cette pastorale. Les capitalistes ne sont pas tous des oppresseurs sans scrupules, mais certains le sont. Les leaders noirs ne sont pas tous des pompiers pyromanes, mais certains le sont. Tout le monde est logé à la même enseigne : Roth n'épargne personne.<br />
Mais son personnage, Seymour Levov, lui, le Suédois, essaie de ménager chacun, alors que sa fille a commis l'irréparable, alors qu'elle a disparu, alors que le monde s'écroule, il tâche de s'accrocher à une Pastorale américaine qui n'existe plus, qui n'a peut-être jamais existé.<br />
<br />
On aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, que le livre soit moins bavard. J'ai lu des pages entières en <br />
diagonales, parce que trop réelles, et que si le réel peut se répéter, le dialogue romanesque ne peut se payer ce luxe. Surtout q1ue les gens mentent, ils font l'économie du réel. Mais les usines ferment, les villes s'enlisent. Et il n'y a peut-être pas d'autre choix que de tourner le dos au réel, pour ne pas devenir fou de terreur à l'idée qu'on puisse avoir fabriqué un monstre, puis fou de tristesse à l'idée que ce monstre vous échappe, qu'il se détruise sans que vous ne puissiez rien y faire. Les retournements comme les longueurs sont proustiens, et la réunion d'anciens élève fait penser à au temps retrouvé.<br />
<br />
On peut retrouver le même éloge paradoxal de la façade dans ce livre où Philip Roth nous décrit en profondeur les ressorts de La Pastorale Américaine, disponible en poche chez Folio.<br />
<br />
Pour les amateurs d'audio, c'est <a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/RothPastorale.mp3">ici</a>.<br />
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</div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-25030666821946641642018-03-01T18:06:00.001+01:002018-03-01T18:06:46.482+01:00Chez Les Weil, de Sylvie Weil<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://www.editionslibretto.fr/local/cache-vignettes/L250xH380/9782752908728-01277.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.editionslibretto.fr/local/cache-vignettes/L250xH380/9782752908728-01277.jpg" data-original-height="380" data-original-width="250" height="320" width="210" /></a></div>
<a href="http://www.editionslibretto.fr/chez-les-weil-sylvie-weil-9782752908728">Chez les Weil</a>, sous titré André et Simone, est un récit de Sylvie Weil, paru chez <a href="http://www.editionslibretto.fr/">Libretto</a> (au passage, je lis trop peu de choses de chez eux, mais ils ont un catalogue original, qui vaut le détour). Sur la couverture, on voit Simone Weil, la philosophe, pas la politique, et son frère André Weil, le mathématicien, regarder vers l'objectif en souriant. Le fond est jaune, laid et il m'a fallu un moment pour ouvrir le livre. Je suppose que je m'attendais à une hagiographie, le genre de trucs où l'auteur veut profiter un peu du prestige de sa glorieuse ascendance.<br />
Tout faux.<br />
<br />
Chez les Weil est un choc doux. Écrire ce qu'on sait d'une femme - que le monde considère comme une sainte- ce qu'on sait de son père -que le monde considère comme un génie- exige un courage particulier. Et une délicatesse, aussi. Sylvie Weil ne règle pas de comptes, elle écrit simplement, au départ de ce livre, qu'il n'a pas toujours été simple d'être avant tout la nièce de Simone, comme une relique qu'on vient toucher pour s'accaparer un peu de sainteté de la disparue. Elle écrit : le tibia de la sainte.<br />
Sylvie Weil décrit ses grand-parents, et comment la mémoire de leur fille devient une vie à part entière. Ils recopient ses cahiers, dont le dolorisme finit par les ronger. Sylvie se demande ce que pense le père de la sainte, lui le médecin bon vivant, capable des pires blagues de salle de garde, ce qu'elle pense, elle, qui écrivait dans chacune de ses lettre, « ta petite femme qui te serre, qui te serre dans ses bras, » ce qu'ils pensent tous deux quand ils recopient cette phrase de Simone :<br />
<br />
"Sexualité. Il y a un mécanisme dans notre corps qui, quand il se déclenche nous fait voir du bien dans des choses d'ici-bas. Il faut le laisser rouiller jusqu'à ce qu'il soit détruit."<br />
<br />
Le livre suit un plan subtil, d'abord l'auteur, le tibia, puis la sainte et ses parents, enfin leurs fils, le mathématicien, le père de Sylvie Weil. Elle ne balance pas, elle ne charge pas, elle décrit simplement ce père qui, même à la fin, lorsqu'elle prend des nouvelles de lui, répond : « tu ne te débarrasseras jamais de cette exécrable manie de rester des heures pendues au téléphone? » Elle décrit simplement qu'on attendait d'elle qu'elle intéresse son père, et non de son père qu'il s'intéresse à elle. Loyale, elle rappelle les bons souvenirs, une course sous la pluie, Chicago en hiver. Chaque fois qu'elle le montre sous un jour sympathique, c'est son âme à elle qu'elle découvre, une petite fille aimante, et peut-être insuffisamment aimée.<br />
<br />
De la même façon, elle décrit les conflits atroces entre son père et ses grand-parents autour de la publication des manuscrits de Simone, comment petit à petit l'image de la sainte a attiré les calottins, les tartuffes, comme la légende a eclipsé l'histoire. Ses grands parents se sont occupés de leur fille morte, et ils se sont coupés de leur fils vivant.<br />
<br />
Enfin, il faut un courage fou pour aborder l'inabordable. Sylvie, un jour, parle avec un homme qui était à Londres avec Simone. Il la décrit. Petite jeune femme fatiguée, isolée, invisible, vêtue comme une pauvresse, fumant cigarette sur cigarette en attendant qu'on lui confie la moindre mission, coiffée d'un grand béret, recluse, réservée, silencieuse. Et cet homme lui révèle qu'ils savaient, là-bas, pour les rafles, les déportations, les bébés juifs. Il faut un courage insensé pour poser cette question : pourquoi Simone Weil n'a-t-elle pas un mot dans tout ce qu'elle écrit alors pour tous ces bébés juifs, fous de terreurs, qu'on sépare de leur mère.<br />
<br />
On aurait aimé, enfin, j'aurais aimé que cette chronique puisse rendre toute l'émotion, les émotions, les torrents d'émotion qu'on ressent à la lecture de ce livre simple, vrai, très beau, mais plus je relis les pages que j'ai cornées pour y revenir, et plus il me semble qu'il faudrait les recopier in-extenso.<br />
<br />
En fait, plus Sylvie Weil parle de sa famille, de son père, le génie, de sa tante, la sainte, de ses grand-parents, et plus c'est elle qu'on a envie de connaître, on aurait aimé, enfin, j'aurais aimé en savoir plus que ce qu'elle raconte dans « Chez les Weil, André et Simone », paru en poche chez Libretto.<br />
<br />
La version audio peut s'écouter <a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/chezLesWeil.mp3">ici.</a>mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-36723996256461719052017-10-01T22:49:00.002+02:002017-10-01T22:49:22.991+02:00AïeDes siècles que je n'ai pas écrit là.<br />
Parce que j'écrivais un roman.<br />
Après trois ans, je suis enfin en train de relire le premier jet et...<br />
C'est de la merde.<br />
Long. Ennuyeux. Compliqué. Lent.<br />
Je vais essayer de finir de le lire. Puis laisser passer un mois, avant de voir si on peut tenter de ranimer le patient ou pas. Mais c'est dur. Je savais qu'écrire par petit bout, le soir, ne me réussissait pas, mais je me disais, tiens bon, va au bout. Et au bout, ben, c'est aussi pire que ce que je craignais.<br />
<br />
Et pourtant, je crois que j'ai appris plein de trucs en ratant ce premier jet.<br />
<br />mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-90248353451729522302017-06-12T21:25:00.005+02:002017-06-12T21:25:57.826+02:00Sans dessus dessous, Jules Verne. <table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: justify;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/66/'The_Purchase_of_the_North_Pole'_by_George_Roux_31.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="623" data-original-width="434" height="320" src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/66/'The_Purchase_of_the_North_Pole'_by_George_Roux_31.jpg" width="222" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le chantier du Kilimandjaro (source wikipédia, <br />Illustration originale de Georges Roux)</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sans_dessus_dessous">Sans dessus dessous</a> (oui, c'est la vraie orthographe pour ce titre, et Jules Verne joue avec Sens dessus dessous dans son texte) est un Jules Verne pas super connu. On le trouve chez 10-18, ou Actes Sud, mais en occasion seulement. Pas super connu, mais un des plus importants à mes yeux. Parce que c'est le seul que je connaisse où Jules Verne exprime une défiance face au progrès. </div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ce qui est merveilleux, d'ordinaire, avec Jules Verne, c'est la confiance dans le progrès. Dans L'île mystérieuse, l'ingénieur arrive à tout fabriquer, tout exploiter, tout améliorer. Là, les membres du Gun Club, qu'on avait connu dans De la terre à la lune décident de changer l'axe de rotation de la terre. Mais alors, catastrophes, dérèglement climatique, tout le tintouin ? Et le monde n'est sauvé que grâce à une erreur. Jules Verne faisant l'apologie de l'erreur !</div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais tout ça, c'est du blabla. Qu'est ce qui compte sinon de savoir si les enfants qui boivent de la bière aiment le livre et que ça les incite à la lecture, au suspense, à l'imaginaire ?</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"> Faits vous votre avis avec <a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/SansDessusDessous.mp3">l'interview Audio du grand spécialiste international Jules Verne</a>, Jojo le costaud !</span></div>
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<br /></div>
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<br /></div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-51068045797281763002017-05-23T00:06:00.002+02:002017-05-23T00:06:27.138+02:00Le nouveau nom, Elena Ferrante (l'aime prodigieuse tome 2)<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/7c9/product_9782070197804_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/7c9/product_9782070197804_195x320.jpg" /></a></div>
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Le nouveau nom, d'Elena Ferrante,disponible en poche chez Folio, et en audio book dans la collection Ecoutez Lire, est la suite de L'amie prodigieuse, qui racontait l'enfance d'Elena Greco, la narratrice, et de son amie Lila Cerrulo, deux gamines d'un quartier pauvre de Naples au début des années cinquante. </div>
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<br /></div>
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Lila, la fille du cordonnier, l'amie prodigieuse, on dirait aujourd'hui la surdouée, s'est mariée avec Stefano, le fils d'un mafieux qui terrorisait jadis le quartier. Elle vit dans un nouvel appartement, travaille dans une nouvelle boutique, se promène avec un nouveau nom. Mais elle a abandonné ce rêve qu'elle et Elena partageaient : écrire, devenir riche, oui, mais en écrivant. Elena, elle, est devenue une lycéenne modèle. En tous cas c'est le rôle qui lui permet de conquérir son autonomie, de sortir du quartier. </div>
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<br /></div>
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Peut-on jamais sortir du quartier ? Sans se trahir ? Sans trahir ses amitiés d'enfance ? Elena Ferrante n'apporte pas de réponse, elle décrit des itinéraires, des mécanismes, et on comprend si bien les motivations de chacun qu'on ne peut s'empêcher de s'attacher à tout le monde. Stefano, qui croit pouvoir acheter Lila, qui la trahit, qui essaie de la soumettre, on devrait le détester. Les frères Solara, usuriers, affairistes, qui tiennent le quartier tout entier, on devrait les détester. Mais on n'y arrive pas. Parce qu'Elena Ferrante met en évidence les mécanismes qui les poussent à faire ce qu'ils font, ces mécanismes qui nous pousseraient à faire comme eux dans la même situation. Et cette narratrice, qui nous raconte ces vies incroyables, on devrait être, toujours, de son côté. Mais Elena Ferrante s'offre le luxe d'un personnage complexe, vraisemblable, dont le corps et les désirs sont des énigmes jusque pour elle-même. </div>
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<a href="http://www.folio-lesite.fr/var/storage/images/product/248/product_9782072693144_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://www.folio-lesite.fr/var/storage/images/product/248/product_9782072693144_195x320.jpg" height="200" width="121" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
Bien-sûr, on aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, qu'il n'y ait pas une année entière entre chaque parution, parce qu'il faut parfois un effort pour se souvenir des alliances, des liens familiaux, des histoires de la myriade de personnages du livre… Mais n'est-ce pas aussi le cas dans nos vies réelles ? </div>
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<br /></div>
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Dans la collection Écoutez lire, Marina Moncade prête sa voix à la narratrice avec une retenue parfaite, et On termine ce volume comme le précédent : enragé par la fin abrupte qui nous prive de la présence familière d'Elena, de Lila et de la langue à la fois classique et audacieuse avec laquelle Elena Ferrante nous décrit leur histoire. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
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En attendant de lire celle qui fuit et celle qui reste, déjà paru chez Gallimard et qu'on peut espérer en poche l'an prochain, on ne peut que lire et relire le nouveau nom, le second tome de la saga d'Elena Ferrante, disponible en poche chez Folio. </div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Pour l'audio, qui est <a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/nouveauNomFerrante.mp3">ici,</a> j'ai utilisé le même fond sonore que pour le premier tome, dont la critique est disponible<a href="http://cequejaipensede.blogspot.fr/2016/05/lami-prodigieuse-delena-ferrante.html"> ici.</a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-65287828305274844222017-04-24T23:19:00.000+02:002017-04-24T23:19:36.515+02:00La cache, de Christophe Boltanski<div style="text-align: justify;">
<a href="http://www.folio-lesite.fr/var/storage/images/product/c18/product_9782070468713_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.folio-lesite.fr/var/storage/images/product/c18/product_9782070468713_195x320.jpg" /></a>Il commence La cache en parlant d'eux avec un pronom. Christophe Boltanski ne nous dit pas tout de suite que ce récit, disponible chez Folio, est celui de ses grand-parents, ni qu'ils s'appellent Marie-Élise et Etienne. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
C'est que l'auteur construit son livre comme une partie de Cluedo familial. Chaque chapitre révèle une pièce de l'hôtel particulier où ils vécurent, et une facette de la famille Boltanski. Ici, on n'est pas chez les Malaussène, où tout n'est que joie et originalité assumée. Ici, le monde est dangereux, et tout est prétexte à se faire une coquille. La fiat 500, équipée de manière à ce que Marie-Élise puisse la conduire, malgré ses membres atrophiés. La cache, bien-sûr, où se recroquevillera Étienne, mais aussi le grenier, domaine de l'oncle plasticien, et la salle de bain, qu'on délaisse trop souvent dans cette tribu un peu cracra à force d'être recluse. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Deux arrachements se consolident à l'intérieur de ces coquilles multiples. L'arrachement d'Étienne Boltanski, un arrachement de fils d'immigré, dont la mère russe, juive, donne des versions souvent différentes d'une histoire qu'on ne parvient pas à reconstituer. Et l'arrachement de Marie-Élise, adoptée sans pour autant être orpheline par une dame patronnesse bretonne, bigote mais féministe, et qui l'appelle Myriam, comme par un écho anticipé du judaïsme des Boltanskis. Il faudrait dire LES arrachements de Marie-Elise, car la polyo, dont elle ne parle jamais, l'a arrachée à son corps et l'a laissée souffrante et claudiquante.</div>
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<br /></div>
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Le problème c'est que le livre aussi est un peu claudiquant : le procédé qui découpe le récit en une succession de pièces coupe l'élan, casse le point de vue et on aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, sentir dans l'écriture cette énergie, cette exubérance joyeuse dont l'auteur parle un peu, mais sans parvenir à nous la transmettre vraiment. Comme s'il hésitait à nous faire entrer rue de Grenelle, comme s'il avait encore un peu peur qu'on juge les Boltanskis, alors que son père Luc est un sociologue reconnu, que Christian est un plasticien côté, Jean-Elie un linguiste respecté, et que lui-même est journaliste bien en place au Nouvel Observateur. On ressent une prudence dans cette écriture, qui pose la question de savoir ce que Boltanski pense des Boltanskis. Une prudence qui laisse penser que la sensibilité, même bien après l'occupation, même bien après la réussite, même bien après l'intégration sociale, que la sensibilité extrême à l'origine de tant de réussites, cette sensibilité a toujours besoins de caches, de coquilles, contre l'abrasion du conformisme des esprits étriqués dont le climat actuel de la France nous rappelle qu'ils sont toujours en embuscade. </div>
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<br /></div>
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Voilà-voilà, pour une chronique aussi objective que possible. Mais je ne peux pas reprocher à Boltanski sa prudence et faire comme si La cache était pour moi un livre comme les autres. Comme si mon père n'était pas un fils d'immigré russe. Comme si ma mère n'avait pas elle-même été élevée entre la Bretagne et un hôtel particulier de la rue de l'Assomption où une autre cache avait abrité d'autres juifs. Comme si les rites familiaux ne m'avaient pas à la fois protégé et extrait d'une existence sociale, dans laquelle il m'a toujours fallu, et dans laquelle il me faudra toujours, des coquilles pour éviter d'être broyé. Comme si ma sœur comédienne, ma sœur médecin, comme si mon frère ingénieur et haut fonctionnaire, n'étaient pas eux aussi les produits tragiquement réussis de la rencontre entre une âme slave fantasque et déracinée, et une bourgeoisie capable d'une certaine révolte contre elle-même. </div>
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<br /></div>
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Dans La cache, disponible chez Folio, Christophe Boltanski, raconte l'histoire, les histoires de sa famille, de la mienne, et de tant d'autres, une histoire de ces familles dysfonctionnelles, dans lesquelles on est à la fois plus heureux et plus malheureux, mais toujours plus créatifs que dans les familles sans histoire. </div>
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<br /></div>
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Pour la chronique audio que vous pouvez trouver <a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/boltanskiCache.mp3">ici,</a> j'ai mis un titre d'un groupe russe de la fin des années 90, Dolphin. Et ça me fait me sentir vieux, tellement.</div>
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<br /></div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-19107152768244167782017-03-22T21:01:00.000+01:002017-03-22T21:02:29.845+01:00 Diego Gary, S ou l'espérance de vie<br />
<div style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: justify;">
S. Ou l'espérance de vie, de Diego Gary est paru chez Gallimard et disponible en Folio. Souvent, les auteurs accusent les éditeurs d'être cyniques et de manquer de bienveillance lorsqu'ils refusent leur manuscrit. Il y a un certain cynisme et un manque certain de bienveillance à avoir publié le livre de Diego Gary en l'état. </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/772/product_9782070437962_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/772/product_9782070437962_195x320.jpg" /></a></div>
<div style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: justify;">
On aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, compatir à la difficulté qu'il y a à être le fils de Romain Gary, la figure tutélaire et écrasante et de Jean Seberg, l'actrice fulgurante et fragile, mais S. ou l'espérance de vie est un livre qu'il est difficile d'aimer. L'auteur y endosse deux identités, sans qu'on puisse voir ce que ce dédoublement apporte réellement au récit. </div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Il y a une volonté de faire littérature qui manque simplement de naturel, et on attend sans cesse que l'auteur prenne enfin le risque de raconter son histoire, sans détour, ses souffrances, la façon dont il les surmonte et devient qui il est vraiment. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
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Les moments du livre qu'on parvient à aimer sont ceux où il semble baisser la garde, où il raconte comment son père lui dit : " tu sais, un jour, elle ne se ratera pas" juste après que sa mère eut tenté de mettre fin à ses jours. Ou quand il décrit leurs rapports affectueux mais distants. On aime aussi les quelques moments où l'auteur regarde autour, et décrit Barcelone, on aime aussi quand il se souvient de l'Amérique avec des yeux d'enfant de huit ans. On parvient parfois à entrevoir les femmes qui sauvent presque, et jamais tout à fait le narrateur. Elles doivent toujours choisir entre se perdre et le perdre, et Diego Gary choisit de perdre le lecteur. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Un éditeur bienveillant aurait vu l'incroyable histoire que Diego Gary essaye de raconter et il l'aurait aidé à transmettre l'incroyable lutte qu'il faut mener pour exister quand on est, jusqu'à la fin des temps, le rappel de qui ses parents furent. Quand on est consumé par l'envie d'écrire et que la flamme est soufflée avant d'être allumée par l'insoutenable comparaison avec un père deux fois fois goncourisé. Un éditeur aurait aidé Diego Gary à sortir ses femmes de cette brume de culpabilité d'où il décrit trop les cunnilingus et trop peu celles qui les reçoivent. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je mesure que c'est presque indécent, de la part d'un chroniqueur amateur, mais je crois qu'aucun éditeur n'aurait laissé un auteur, avec une telle histoire mais un autre patronyme sortir ce livre en l'état. Il l'aurait accompagné, il l'aurait accouché de ce que ce livre aurait dû être. On ne laisse pas quelqu'un rencontrer la famille de ses rêves avec une cravate de travers.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Que Diego Gary me pardonne, que ceux qui ont été plus sensibles que moi à la forme du livre me pardonnent, mais il me semble que S. ou l'espérance de vie, disponible chez Folio, est un livre inachevé, qui ne rend pas service à la sincérité et au courage de son auteur. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Pour ceux qui veulent l'écouter, c'est en audio <a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/diegoGary.mp3">ici.</a></div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-38601644055111321502017-02-14T21:32:00.000+01:002017-02-14T21:32:26.644+01:00Cher Jupiter, d'Isaac Asimov<div style="text-align: justify;">
<a href="http://www.folio-lesite.fr/Catalogue/Folio/Folio-SF/Cher-Jupiter">Cher Jupiter </a>est un recueil de nouvelles d'Isaac Asimov paru chez Folio Science Fiction, et c'est exactement le genre de livres que j'adore. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Pourtant, la qualité des nouvelles est un peu inégale. Certaines sont datées, alors que d'autres annoncent nos angoisses actuelles, sur la démographie, la biodiversité, la nature belliqueuse de l'humain. A chaque fois, Isaac Asimov écrit les choses les plus extraordinaires avec un style simple, direct, qui nous fait sentir que ce qui est impensable pour nous est le quotidien des héros de ses histoires. </div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="http://www.folio-lesite.fr/var/storage/images/product/afb/product_9782070467419_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.folio-lesite.fr/var/storage/images/product/afb/product_9782070467419_195x320.jpg" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais ce qu'il y a de formidable dans ce recueil, c'est ce qu'on trouve entre ces nouvelles. Asimov décrit les conditions dans lesquelles chacune a été écrite, à quel journal il l'a envoyée, quelle réflexion a eue l'éditeur qui l'a acceptée. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
On y découvre un auteur pas toujours sympathique, un peu trop sûr de lui, mais d'une sincérité totale, avec un sens de l'humour qui nous fait lui pardonner le fait qu'il ne se prenne pas pour son logarithme. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Du coup, tous les grands thèmes sont abordés. Les grands thèmes de la science fiction, d'abord. Le voyage dans le temps, les sauts dans l'espace, les inépuisables sources d'énergie, l'ordinateur omniscient, la terre comme sanctuaire, la terre comme relique, les humains comme hôtes de parasites intersidéraux. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais aussi les thèmes de la vie d'un homme, de la vie d'un écrivain. Le premier poste, la première femme, le premier appartement, la peur de ne plus pouvoir à écrire, le couple qui bat de l'aile. Sans en avoir l'air, Asimov nous révèle beaucoup de chose qu'on aimerait, enfin que j'aimerais que nos écrivains préférés nous dévoilent. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Sous un air de petit recueil inoffensif de textes plutôt mineurs d'Isaac Asimov, Cher Jupiter, disponible chez Folio, est un document passionnant sur l'écrivain, sur l'écriture de science fiction et sur l'Amérique des années 50 à 70. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Pour <a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/AsimovJupiter.mp3">l'audio, </a>j'ai choisi Intergalactica des Beastie Boys. </div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-15245906501124022262017-01-10T21:00:00.000+01:002017-01-11T17:24:15.584+01:00À quoi rêvent les garçons. Mark Twain.<div style="text-align: justify;">
<a href="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/bbd/product_9782070469369_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/bbd/product_9782070469369_195x320.jpg" /></a><a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-2/A-quoi-revent-les-garcons">A quoi rêvent les garçons</a> c'est Mark Twain qui raconte son expérience d'apprenti pilote sur le Mississippi. Le concept de la collection Folio 2€, c'est de découper les œuvres de grands écrivains, et de vendre des morceaux prédigérés aux lecteurs paresseux ou fauchés: on instaure en deux deux fastoche l'impôt sur l'argent de poche. Oui mais voilà, au-delà du concept, il y a des gens qui font bien leur boulot. Vraiment bien, parce que ce petit bouquin en apparence inoffensif m'a fait l'effet d'un shoot littéraire. Comme pas mal d'autres titres de la collection, d'ailleurs. </div>
<div style="text-align: justify;">
En un peu moins de 100 pages, Mark Twain fait passer nos vies pour des choses monotones, sages, et pour tout dire timorées. Enfant, Samuel Clemens veut devenir le pilote d'un des bateaux à vapeurs qui descendent et remontent inlassablement le Mississippi. Il écrit : « Nous ne pouvions pas nous engager dans la batellerie ; du moins nos parents ne nous y autorisaient-ils pas. C'est pourquoi, un peu plus tard, j'ai quitté la maison. J'ai dit que je ne reviendrai pas avant d'être devenu pilote et de pouvoir faire un retour glorieux ». </div>
<div style="text-align: justify;">
C'est ça, le style de Mark Twain. Pas seulement littéraire. Imaginez, un gamin de quinze ans que rien ne retient en arrière. Je veux être pilote. Rien de plus n'est dit sur la famille qu'il quitte. Il y a déjà une dureté invraisemblable. Et pourtant, Mark </div>
Twain ne fanfaronne pas, il raconte avant tout les taloches qu'il reçoit quand il oublie qu'il y a ici un haut fond, là un couloir, plus loin un repère sur la berge, et cet arbre qui indique où il faut tourner. Il apprend le fleuve comme on apprend à lire, c'est lui qui fait ce parallèle, sauf que les phrases du livre changent à chaque fois qu'on les déchiffre. <br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais une fois qu'il a su lire le fleuve, qu'il a mesuré l'étendue et la puissance de ce savoir si durement acquis, il n'a qu'un seul regret : le fleuve n'a plus de poésie, pour lui. C'est peut-être pour pour la retrouver qu'il s'est mis à écrire. Une poésie brute, sans chichis, issue de la boue des rives du Mississippi, celle qui portera les immortelles aventures de Tom Sawyer et d'Huckleberry Finn. </div>
<div style="text-align: justify;">
Ce style de Mark Twain, c'est l'Amérique, c'est le style de gens qui quittent leur famille sans se retourner. Il fait entendre ces vies de travailleurs durs, farouches, roublards, et on entend la voix des sondeurs, à l'avant du vapeur. Mark Three ! Trois Brasses de fonds. Mark Twain, deux brasses. Ce n'est qu'après avoir réussi son rêve, celui d'être pilote, que Samuel Clemens choisi ce cri comme nom : Mark Twain. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
On aimerait, enfin, j'aimerais, avoir cette détermination, cette persévérance, avoir une vie aussi aventureuse, on aimerait, j'aimerais tellement, avoir ce style direct et beau. Ce à quoi je rêve, c'est de savoir écrire comme Mark Twain dans À quoi rêvent les garçons, disponible dans la collection Folio 2€</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
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<br /></div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L'audio est <a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/MarkTwainGarcons.mp3">là</a> et c'est Jimmy de Moriarty qui sert de fond sonore. </div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-5043700184987045732016-11-29T20:14:00.002+01:002016-11-29T20:14:21.894+01:00Un truc marrant qui montre que je suis neuneu. <div style="text-align: justify;">
Un truc marrant. Quand je fais des chroniques, je fais un brouillon, je laisse une nuit, je le retouche, puis je l'enregistre, et en général je le retouche encore un peu, et puis voilà. Après, je fais un peu de montage, j'exporte, puis je crée l'article sur le blog. Et au moment de le publier, la plateforme (blogspot, en l'occurrence) me propose d'en faire la promotion sur Google+. J'oublie à chaque fois qu'il y a ce truc à écrire,(oui, je sais, si je publiais plus souvent...) et je rédige à chaud ce que je crois être un petit résumé. Qui en général n'a rien à voir avec la chronique, est plus naturel, plus simple, plus juste. Je me dis alors que ma chronique est sur-écrite, merdique, pédante, et que je devrais écrire comme pour ces petits résumés, qui ne cherchent pas à être malins et tout. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et puis je vais me coucher parce que je suis crevé, et à la chronique suivante, ça recommence. </div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-54704065373348960832016-11-29T20:08:00.000+01:002016-11-30T10:43:36.968+01:00Que vivre te soit bonheur ! Omar Khayyâm<div class="" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="text-align: left;">Que vivre te soit bonheur est un recueil de 101 poèmes d'Omar Khayyâm choisis pour la collection Folio Sagesses. Sagesses vraiment ? Omar Khayyâm fait l'apologie du vin, des femmes, d'un hédonisme qu'on peine à croire sorti de la Perse du onzième siècle. </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<a href="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/fbd/product_9782070469109_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/fbd/product_9782070469109_195x320.jpg" /></a><span style="text-align: left;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Je ne sais pas si mon âme par celui qui m'a pétri</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Est abandonnées aux flammes ou promise au paradis</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Un verre, une belle, un luth dans quelque jardin : à moi</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Ces trois bonheurs au comptant, à toi, le paradis, mais à crédit. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ne vous fiez pas à l'apparente légèreté de la forme. Quatre siècles avant Ronsard, le même détachement, la même métaphore pour nous rappeler que le temps passe. Ces roses dont le zéphyr froisse la robe de soie… Les belles, l'alcool, la musique… Seulement ? Non, les belles, l'alcool, la musique pour supporter l'absurde. L'absurde tient en deux vers :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Avant notre venue, rien ne manquait à l'univers ;</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Après notre heure dernière, rien non plus ne manquera. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ce désespoir lui fait voir le ciel comme un bol, posé à l'envers sur les hommes, qui, aussi sages soient-ils, ne sont qu'agonisants. Les exégètes me jetteront la pierre, mais il me semble qu'une partie de la douce noirceur de Khayyâm a les couleurs du lendemain d'ivresse… Pourtant, au fil du recueil, le libertin avant l'heure, armé du bon sens d'un savant de son temps, délivre une leçon d'humanisme simple :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Laisse toutes dévotions dues ou surérogatoires :</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Mais de ta bouchée de pain, ne sois ni jaloux, ni avare,</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>À nul cœur ne cause de peine, ni par ta langue ni par ton fait,</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Et de ton salut je fais mon affaire. Verse à boire !</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La Sagesse, alors, de Khayyâm a sans doute été de ne jamais publier ses poèmes. Ils n'ont émergé que plusieurs décennies après sa mort. Pourtant, certains vers laissent penser que sa discrétion devait être relative :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Khayyâm est un gibier d'enfer, paraît-il, mais qui le dit ?</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Qui a vu le paradis, et qui est revenu de l'enfer ? </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Soyons comme lui hédonistes et prudents et conscients, écoutons le conseil du sage Omar Khayyâm :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Si tu t'enivres, que l'ivresse te soit bonheur</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Si tu étreins une femme, que cet amour te soit bonheur !</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Toute chose de ce monde s'achève dans le néant :</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Dis toi que tu es néant, et que vivre te soit bonheur. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
On aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, que les docteurs de tous les cultes s'abreuvent à la sagesse d'Omar Khayyâm et nous disent, paraphrasant le titre de ce recueil, disponible chez Folio Sagesse Que lire te soit bonheur. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La <a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/OmarKhayyam%20Export%201.mp3">version audio</a> utilise le merveilleux morceau Astrakhan Cafe d'Anouar Brahem. <span style="font-size: x-small;">Et oui, il est tunisien, rien à voir avec l'Iran, mais je suis peu calé en musique Perse du 11ème siècle, bande de gros malins. </span><span style="font-size: xx-small;">Et oui, j'ai laissé des espaces dans le nom de fichier du mp3, je suis crevé. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-18293377384951600022016-11-20T22:08:00.001+01:002016-11-20T22:13:07.779+01:00Juste un (750) mot(s) sur les brouillons merdiques, la foi, la piété filiale<div style="text-align: justify;">
Ce week-end, j'ai joué à l'écrivain. J'ai renoncé à la grande fête d'anniversaire organisée en l'honneur de ma mère, j'ai décliné la proposition d'aller plonger dans une piscine profonde que j'aime énormément, j'ai laissé passer un concert de Rebetiko en Bretagne, j'ai coupé le téléphone, et j'ai dit à tout le monde : j'écris. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
J'ai si peu écrit samedi. Si peu. J'ai lu <a href="http://www.barnesandnoble.com/w/bird-by-bird-anne-lamott/1018999644">Bird by bird</a>, un livre où Anne Lammott explique comment elle apprend à ses étudiants à écrire. Je n'en ai retenu qu'un seul chapitre : shitty first draft. Les premiers brouillons merdiques. Pour écrire, il faut renoncer à être bon, accepter d'écrire un premier jet minable et tenter de l'améliorer ensuite. C'est ce que je fais pour chacune des chroniques que je vous propose. Des premiers jets pourris, que je retouche ensuite, ou pas, quand je n'ai plus le temps. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais pour un roman ? Savez vous que mon brouillon actuel est déjà plus long que Le Poisson pourrit par la tête ? C'est une question rhétorique, hein, puisque quand je vous le demande, vous n'avez aucun moyen de le savoir, mais à la fin de la question, vous n'avez aucun moyen de ne pas le savoir. Presque 70 000 mots, et presque autant de raisons de laisser tomber. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Raison n°1 : j'ai commencé ce livre comme un exercice de style pour mettre en pratique les conseils d'écriture du podcast "<a href="http://www.writingexcuses.com/">writing excuses</a>", un podcast d'écrivain anglo-saxons qui expliquent comment ils écrivent de la fantasy, de l'horreur, de la bande dessinée. J'aurais dû me contenter de mettre en pratique les petites consignes de chaque épisode, une à une. Je pensais les grouper dans un petit jeu qui devait durer deux mois...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://images.gibertjoseph.com/media/catalog/product/cache/1/image/250x250/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/i/202/9782910435202_1_75.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://images.gibertjoseph.com/media/catalog/product/cache/1/image/250x250/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/i/202/9782910435202_1_75.jpg" height="200" width="200" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
Raison n°2 : écrire sur ce qu'on connaît. C'est un conseil de celui qui m'a fait croire que je pourrais un jour y arriver, et qu'on trouve dans son livre <a href="http://www.babelio.com/livres/Chklovski-Technique-du-metier-decrivain/74184">"Techniques du métier d'écrivain."</a> Ok, je vais écrire sur Brest, cette belle cité ouvrière et militaire. Très bonne idée quand on a jamais bossé ailleurs que dans un bureau et qu'on n'a même pas fait son service militaire !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Raison N°3 : écrire ce qu'on lit le plus. Oui, mais moi, je pensais pas m'y impliquer, alors, pourquoi pas un thriller, puisque je n'en lis que deux ou trois par an ? </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Raison N°2365 : quitte à écrire sans en retirer de satisfaction pécuniaire ou de gloire littéraire (entendre par gloire littéraire la possibilité de trouver une lectrice riche et passionnée désireuse de m'entretenir pendant que je prends l'éternité qu'il me faudra pour devenir un bon écrivain), autant écrire sur ce qui me tient vraiment à cœur. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et pourtant. J'apprends. J'aprends tellement. D'abord, j'apprends que n'importe quel projet est sérieux quand on écrit, même un exercice de style, même un thriller dont l'intrigue ne sert que de support à la seule chose qui compte : regarder des personnages se débattre. Et puis j'apprends l'engagement. Même si c'est mauvais, maintenant, il faut aller au bout. J'apprends même la modestie : la publication du Poisson n'est peut-être, finalement, qu'un coup de chance isolé. Peut-être que le prochain ne sera lu par personne (comme celui que j'ai écrit entre les deux). </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Les gens avisés me diront : si tu nous as épargné 69996 raisons d'abandonner, pourquoi simplement ne pas céder au bon sens, et laisser ce projet mourir et se lancer dans autre chose ? </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La bonne raison, c'est que je ne peux plus laisser ces personnages sans résolution. </div>
<div style="text-align: justify;">
La raison acceptable, c'est qu'il faut s'entraîner à aller au bout : après tout, une fois retravailler, ce shitty first draft deviendra peut-être un livre potable. </div>
<div style="text-align: justify;">
La mauvaise raison, c'est que les trucs importants me font peur. Je ne me sens pas capable, encore, d'écrire ce qui m'importe et que ça importe à d'autres. La peur, l'impuissance acquise, etc. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ce shitty first draft de mauvais thriller m'aide à apprendre la fiction. Chaque nouveau livre que j'écris m'aide à apprendre la fiction. J'ai une passion pour le réel, et j'ai même forcé ma nature inapte aux mathématiques pour amadouer les outils qui me permettent d'explorer le réel. Mais quand vient l'écriture, la vraie réalité, la vaie vie, c'est l'imagination, la fiction. Parce que c'est ça qui raconte ce que nous pensons du temps que nous habitons. Le réel, les historiens, les scientifiques, plus rarement les journalistes s'en occupent. Mais comment nous vivons le réel est le domaine de la fiction. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le réel, c'est que j'ai honteusement dérogé à la piété filiale pour écrire. Mais ce que j'ai écrit me dira plus tard pourquoi je croyais devoir le faire. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-19421720930750026292016-11-13T13:06:00.005+01:002016-11-13T13:07:10.199+01:00Shining, de Stephen King<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://www.livredepoche.com/sites/default/files/styles/cover_book_focus/public/media/imgArticle/LGFLIVREDEPOCHE/2014/9782253151623-T.jpg?itok=INq9wRDS" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.livredepoche.com/sites/default/files/styles/cover_book_focus/public/media/imgArticle/LGFLIVREDEPOCHE/2014/9782253151623-T.jpg?itok=INq9wRDS" height="320" width="198" /></a></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
On ne peut évoquer
Shining, de Stephen King, disponible aux éditions du Livre de Poche,
sans imaginer le visage de Jack Nicholson. Pourtant, dès qu'on ouvre
les pages du livre on comprend que la patte de Kubrick, pour géniale
qu'elle soit, n'a pas rendu l'ambiance exacte du roman originel Parce
que l'auteur commence par créer une immense empathie pour chacun des
personnages. Jack Torrance n'est pas simplement un professeur
alcoolique expulsé de son université, c'est un écrivain qui se bat
pour arriver à quelque chose, et ce poste de gardien d'hiver dans un
grand hôtel coupé du monde par les neiges des sommets est sa
dernière chance de recoller les morceaux, avec sa femme, son fils,
avec la société toute entière.
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<i>Mais arrête ça,
salopard de plumitif de mes deux, c'est de la mise en situation de
série B.Stephen King, c'est bateau, toit même tu le sais. </i>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
Son fils, Danny
Torrence, possède un don, le shining, qui lui permet de sentir ce
qui se passe ailleurs dans le temps, ailleurs dans l'espace. Et ce
qui fait qu'on accepte sans mal le dispositif fantastique de Stephen
King, c'est que cet enfant est crédible, et donc attachant. Alors
qu'il voit les catastrophe qui l'attendent à l'hôtel Overlook,
c'est le divorce de ses parents qui le préoccupe, le manque d'amour.
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<i>Mais putain, un
hôtel coupé du monde, un môme de cinq ans qui voit les fantômes,
des meurtres, dans le passé, dans le futur, c'est de la merrrrde. </i>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
Il faut qu'il rencontre
le cuisinier de l'hôtel, lui aussi capables de visions pour qu'il
comprenne que son fardeau est aussi un don.
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<i>Un don mon cul,
quand on a le shining on peut se faire attaquer par des buissons en
forme d'animaux, c'est débile. Et après, tu vas nous parler de
quoi ? la progression de la schizophrénie, des réalités
parallèles, de la montée de la trouille ? </i>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
Jack Torrance saurait
ce que vit son fils s'il ne prenait pas lui-même les manifestations
de son don, moins marqué, pour les symptômes insupportables du
sevrage alcoolique auquel il veut se tenir à tout prix. Pour son
fils, auquel il a déjà fait du mal alors qu'il avait bu, pour sa
femme, pour lui-même.
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<i>Mais de quoi elle se
mêle, cette salope. Elle et le petit merdeux sont ils là pour nous
apprendre à faire des chroniques ? C'est l'Overlook qui va
s'emparer du lecteur avant que ce petit salopard de chroniqueur...</i></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
Les procédés de
Stephen King, alternance des réalités, mises sous pression avec des
sonneries d'horloge, des rêves récurrents, des doubles sens qu'on
comprend deux-cents pages à l'avance sont aussi épais que les
sourcils de Jack Nicholson, tant et si bien qu'on ressent moins de
peur physique que dans l'adaptation cinématographique de Kubrick.
Sans doute parce que la nature profonde de Stephen King est plus
sympathique que celle de Kubrick. Mais l'attachement qu'on a pour
Danny, pour sa mère, et même pour ce père tiraillé entre ses
démons et ceux de l'hôtel pousse à tourner les pages. En ce sens
Shining, de Stephen King, <i>c'est </i><i>de la saloperie, </i><i>avec
les</i><i> coutures </i><i>apparentes</i><i>, c'est ça que tu veux
lire, hein, </i><i>c'est ça qui te plaît, te </i><i>faire peur tout
seul dans ton lit ? </i>Shining,
le roman mythique de Stephen
King, tient
ses promesses, c'est un livre
de divertissement, qu'on
prend plaisir à lire, ou à
relire, même quarante ans plus
tard, par exemple aux
éditions du Livre
de poche.
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
Merci à Joseph pour sa participation à la <a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/Shining.mp3">version audio</a> de cette chronique, dont le traitement sonore autant que le fond assume la vulgarité de la littérature de genre. </div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-47147092329324306182016-10-09T21:57:00.000+02:002016-12-01T09:29:53.960+01:00Jules Verne, L'île mystérieuse. <div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
J'avais adoré l’île Mystérieuse de Jules Verne, qu'on trouve en texte intégral chez Folio classique. Mais est-ce que ça peut encore plaire à un garçon de neuf ans aujourd'hui ? Joseph, qui entre en CM2, nous donne son avis.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/f41/product_9782070593811_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: justify;"><img border="0" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/f41/product_9782070593811_195x320.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La couverture Folio Jeunesse<br />
Un peu spoiler sur les bords</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<div style="text-align: justify;">
« L'île
Mystérieuse. Alors c'est 4, 5 naufragés qui arrivent d'une prison
pendant la guerre de sécession. Ils arrivent sur une île déserte,
qu'est pas répertoriée sur les cartes. Comme c'est une île pleine
de ressources, ils arrivent à faire plein de trucs, et il y a des
faits mystérieux qui se produisent. Alors il y a Nab, un serviteur
Noir. Il y a Cyrus Smith, un ingénieur. Y a Pencroff, c'est un
marin, Harbert, c'est un enfant. Tope, c'est un chien et Ayrton c'est
un naufragé qu'ils ont trouvé sur une île à côté, qu'est aussi
déserte. »</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Il en manque un ?</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Il manque qui ?
</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Gedéon Spillet.
</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Ah oui !</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Il est quoi Gédéon
Spillet ?
</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Il est reporter.
</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Les faits mystérieux,
c'est des faits positifs ou négatifs ?</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Positifs !</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Du coup ils essaient
de savoir à quoi c'est dû ou pas ?</div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/51b/product_9782070348091_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/51b/product_9782070348091_195x320.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La couverture Folio Classique</td></tr>
</tbody></table>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Oui. Ils essaient de
chercher, puis à la fin ils le trouvent.
</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Non, faut pas révéler
la fin, bien-sûr.
</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- D'accord...</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Qu'est ce qui t'a plu
dans l'Ile Mystérieuse ?
</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Ben, c'est que
c'était mystérieux, quoi !
</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- C'est toutes les
aventures ?</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Oui...</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Et tout ce qu'ils
construisent, ça te plaît aussi ?</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Oui...</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- C'est qui ton
personnage préféré ?</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Pencroff !</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Pourquoi ?</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Parce qu'il arrête
pas de rire, qu'il sait beaucoup moins de choses que les autres, et
qu'il arrête pas de rire, c'est bizarre, il est bizarre. Il aimer
fumer, rire, boire.
</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- C'est le plus
marrant. Et qui est le plus malin de la bande ?</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Cyrus Smith !</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Du coup ça devient
leur chef alors ?</div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/564x/00/10/4d/00104df5b051d10436a090830ea74ac6.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="320" src="https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/564x/00/10/4d/00104df5b051d10436a090830ea74ac6.jpg" width="232" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Je ne résiste pas à la couverture de l'édition Hetzel</td></tr>
</tbody></table>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Oui...</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Est-ce que tu le
recommanderais pour d'autres enfants ?</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Ben, oui...</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Tu le recommandes
pour des enfants qui aimeraient quoi ?</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Les aventures !</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Seulement les
aventures ?</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
-... Voyages et
aventures ! </div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Y a des trucs qui
t'ont pas plus dedans ?</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Mmm, nan, tout m'a
plu...</div>
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
Je crois que L'île
mystérieuse, de Jules Verne, toujours disponible en Folio Classique,
tient encore largement la route pour des enfants à l'aise avec la
lecture, et qui aiment les aventures. Les voyages et les aventures ! </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ceux qui veulent l'audio de cette interview pour entendre enfin un autre chroniqueur sur cequejaipensede, c'est <a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/IleMysterieuse.mp3">ici. </a></div>
</div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-73910592395575602942016-09-05T21:42:00.001+02:002016-09-05T21:43:43.005+02:00L'ours est un écrivain comme les autres. Kotzwinkle, chez 10|18<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
L'ours
est un écrivain comme les autres, est un petit roman divertissant de
William Kotzwinkle, disponible chez 10-18.
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<a href="https://www.10-18.fr/wp-content/uploads/Catalogue/9782264065797.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://www.10-18.fr/wp-content/uploads/Catalogue/9782264065797.jpg" width="195" /></a>Arthur
Bramhall est un écrivain en crise. Les écrivains sont sans doute
toujours plus ou moins en crise, mais lui vient de voir son manuscrit
brûler dans l'incendie de la maison où il s'est extirpé pendant un
an de sa pesante charge de professeur de littérature. Mais c'est un
écrivain, alors, il écrit à nouveau son livre, et pour ne pas que
l'histoire se répète, il le cache dans la forêt, dans une
mallette, dissimulée sous des branches, au pied d'un épicéa.
Bientôt, il sera publié et le monde saura enfin la tendresse que
cachent les femmes aux jambes velues de cette Amérique profonde,
entre une partie de pêche et la contemplation d'un ours dans la
forêt. Mais c'est un ours qui contemple les pages du manuscrit qu'il
a trouvé au pied de l'épicéa. Il y trouve ce qu'il faut de scènes
d'accouplement, de grands espaces, et y voit l'occasion d'avoir accès
aux montagnes de victuailles parmi lesquelles vivent les humains.
Parce qu'il trouve que Dan Flakes est un pseudonyme plus appétissant
qu'Arthur Bramhall c'est celui que choisit l'ours pour conquérir le
monde de l'édition.
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
On
n'échappe à aucun des clichés de ce type de livres :
quiproquo sur le langage, description satirique du monde de
l'édition, du show business, de l'entertainment à l'américaine,
face auxquels la forêt nord américaine et ses bouseux taciturnes
sont les garants d'une authenticité précieuse, et on aurait aimé,
enfin j'aurais aimé être plus souvent surpris, car il faut être
surpris pour rire franchement. Mais on sourit, beaucoup, souvent.
Allez, on rigole même parfois, et on ne s'ennuie jamais. Le livre
est rafraîchissant parce qu'il exploite avec roublardise le
contraste entre la force dangereuse du plantigrade et sa tendresse
naturelle, son honnêteté totale, comme un négatif parfait des
hommes et des femmes égarés des villes étriquées où ils se
contraignent à vivre. Alors, bien-sûr, la métaphore de la société
de consommation est un peu grosse, cet ours qui renonce à
l'instinct, à la liberté, à l'odeur des forêts, à l'espace, à
son territoire et aux femelles de son espèce juste parce que le miel
et les chamallows sont disponibles à volonté dans le nouvel univers
qu'il conquiert.
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Mais
quand elle est joliment présentée, la facilité permet aussi de
prendre un roman comme on prend de courtes vacances, et on peut lire
L'ours est un écrivain comme les autres, de William Kotzwinkle, paru
chez 10-18 comme on ferait une courte hibernation dans une forêt
joyeuse et accueillante</div>
<br />
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Pour l'audio, ce sera dès que j'ai le temps. </div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-31221193753393784162016-06-20T21:05:00.000+02:002016-06-20T21:06:59.421+02:00Un amour Impossible, Christine Angot.<div class="" style="clear: both; text-align: justify;">
<a href="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/3be/product_9782070178339_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/3be/product_9782070178339_195x320.jpg" /></a>Un amour impossible, de
ChristineAngot, raconte l'histoire de ses parents. Si on a vécu dans
une diète médiatique pendant les 15 dernières années et qu'on
refuse de lire la quatrième de couverture, on peut encore ignorer
que le père de Christine Angot l'a violée. On peut aussi ignorer
que Christine Angot en a parlé dans plusieurs livres précédents.
Et même si on n'ignore rien de tout cela, on peut quand même tomber
dans l'hystérie qui entoure Christine Angot. Hystérie qui prend
racine dans l'apparition d'Un amour impossible sur la liste du
Goncourt. L'auteure et son livre ne méritent ni cet excès
d'honneur, ni cette indignité.</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Christine Angot est
insupportable, c'est acquis, et c'est encore plus vrai si on découvre
son livre dans la collection Ecoutez Lire chez Gallimard, car, malgré
son habitude des lectures publiques, son écriture et sa diction
entrent dans une résonance qui rendrait sympathique Charlotte
Gainsbourg dans l'effrontée. Il y a notamment une répétition de
j'en ai marre, j'en ai marre ou encore une page de mémé, mémé,
qui sont proprement insupportables. Alors quoi ? Dans un monde
ou silence vaut critique, pourquoi parler d'un amour impossible ?
Pourquoi parler d'un livre qui imite parfois Duras jusqu'à la
platitude, ou montre une absence totale d'inhibition jusqu'à virer
au dialogue de mélo nouvelle vague ?
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Il y a une mauvaise
raison. La raison morale. Qui consiste à se dire, face aux
railleurs, aux critiques, il faut être du côté de la victime, qui
raconte, l'horreur, lente, progressive, qui mène au viol. Et une
bonne raison : Un amour impossible est un récit admirablement
construit, on l'inéluctable est palpable dès les premières minutes
de la relation entre sa mère et son père. Tout du long, on est
tendu, derrière Rachel Schwartz, et on a envie de lui dire :
« va-t-en ! ». Non, on a envie de lui hurler
« barre-toi ! » Tout du long, ou presque, car dans
sa sincérité hargneuse, Christine Angot ne parvient pas, ou ne
souhaite pas cacher le caractère pathologique de son père. Pas
seulement pathologique parce que violeur, mais violeur parce que
pathologique. Elle fait ressentir son intelligence, sa sensibilité
qui contribue à l'ordure qu'il devient, et aussi l'écrasement
total, l'incapacité à refuser les valeurs familiales d'un autre
siècle. Plus atroce encore, on sent comme au final c'est une image
de soi bousillée qui le rend odieux, donc odieux à lui-même dans
une spirale lente, insupportable, dégueulasse. Un amour impossible
décrit moins le viol de Christine Angot que l'émergence d'un
salopard, et l'incapacité d'une mère complexée, naïve, et, pire,
amoureuse à se sortir du piège, puis à voir le drame, puis à le
reconnaître, à le reconnaître face à sa fille.
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Alors, oui, il y a de
l'exhibitionnisme chez Christine Angot, comme il y en a chez Virginie
Despentes, peut-être aussi chez Edouard Louis, et chez toutes celles
et tous ceux qui se sont sentis rabaissés par le mal qu'on leur a
fait et qui ont besoin du regard des autres, pour que chaque lecture,
chaque apparition leur permettent de se dire : je ne suis pas ce
que j'ai subi. Oui, il y a des outrances, des paresses, parfois, chez
Angot, et on aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, qu'elle résiste à
la tentation de faire de sa souffrance une marchandise littéraire.
Mais Un amour impossible, disponible dans la collection Écoutez lire
chez Gallimard est un livre qui dévoile, et qui, en montrant la voie
à ne pas suivre, donne sans doute des pistes pour s'échapper de
l'emprise de ce profil hideux que prend parfois le visage de
l'humain. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<br />
Pas encore sorti en poche, donc pas d'audio. </div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-48323305677034738982016-06-13T22:06:00.001+02:002016-12-01T10:06:10.505+01:00Hédi Kaddour, Les Prépondérants<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/520/product_9782070179015_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: justify;"><img border="0" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/520/product_9782070179015_195x320.jpg" /></a></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Les prépondérants, de
Hédi Kaddour, disponible chez Folio ou en Audiobook dans la collection Écoutez lire de Gallimard, décrit l'arrivée d'une équipe de tournage américain
dans une ville d'Afrique du Nord, Nahbès.
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le roman commence mal.
La langue est assez morne. Les personnages un peu classiques. Raouf,
d'abord, le fils du caïd, un jeune musulman éduqué, éclairé, se
servant de sa connaissance des deux cultures pour contrer l'assurance
morale dont se drapent les colons. Leur supériorité technique
agricole, commerciale, et bien entendu militaire et policière, ils
l'habillent du doux nom de <i>Prépondérance.
</i></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ganthier est le
prototype du prépondérant. Mais son intelligence, sa sensibilité
s’immiscent parfois dans sa volonté d'étendre son emprise sur une
terre qu'il aime. Qu'il aime, vraiment. L'arrivée des américains, leur
familiarité avec ceux que les colons appellent parfois les
indigènes, leurs femmes bavardes et joyeuses, ce coup de vent
inattendu, le choc des cultures, le risque de caricature était à
chaque coin d'oasis. Mais non, Kaddour fait preuve d'une véritable
finesse dans la description de cet autre espèce de dominations
qu'ils transportent avec eux. Et on s'attache de plus en plus à ce
livre parce que l'auteur contourne les obstacles avec une langue dont
on finit par comprendre que le classicisme est une forme de douceur.
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
En ayant l'air de
suivre les histoires d'amours des uns et des autres, en osant le pari
d'un voyage en Europe où le jeune Raouf s'entendra dire par
Ganthier : « vous m'emmerdez, jeune Raouf » chaque
fois qu'il enfoncera un coin dans ses certitudes coloniales, Hedi
Kadour prend encore le pari de situations casse-gueule dont il se
tire toujours en suivant la logique interne de ses personnages.
Kathryn, la belle actrice américaine, Gabrielle, la journaliste
française engagée, Rania, la cousine de Raouf, en veuve qui refuse
de vendre ses terres à Ganthier, Hédi Kadour fait la part belle aux
femmes. Elles voient, elles se jouent des hommes, de leurs illusions
de puissance, elles se servent de leurs désirs, y cèdent plus
rarement.
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Bien-sûr, le doute
s'insinue parfois : ces personnages, si proches de nous, si
modernes, est-ce qu'on a si peu changé depuis cent ans ou est-ce
qu'Hédi Kaddour nous les rend un peu trop semblables pour qu'on s'y
attache un peu plus ? On aurait aimé, enfin, j'aurais aimé,
avoir la culture suffisante pour me faire une idée. Mais à vrai
dire, on se laisse envahir par l'impression inexorable que ce monde
est en train de craquer, que la guerre qui arrive ne sera qu'une
violente interruption dans un processus inexorable de chute des
empires, et on ne peut s'empêcher de se dire que si l'amour et le
désir incontrôlable, la peur de manquer et la soif de justice, si
la jeunesse et la désillusion luttent les unes contre les autres
depuis si longtemps, alors, cette ambiance de fin de règne qui nous
saisit à chaque nouveau scandale, à chaque nouveau sondage
nauséabond, à chaque bateau qui sombre d'un côté ou de l'autre de
la Méditerranée annonce la remise en question des prépondérances
sur lesquelles repose notre tranquillité.
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Avec sa langue lisse,
calme, un peu fade, Hédi Kadour nous fait ressentir, sans effet de manche, avec le cœur,
qu'il faut se méfier de l'eau dans laquelle dorment trop de
cadavres.
</div>
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div class="western" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et on se dit que
peut-être, aujourd'hui, nous sommes ces Prépondérants, que décrit
Heddi Kadour dans son roman disponible en Folio Poches ou en
audiobook dans la collection Écoutez Lire chez Gallimard. <br />
<br />
<br />
Note : la version audiobook est lue par un Pierre-François Garel qui prend son temps, mais dont la voix grave prononce avec délice les phrases des poèmes arabes. </div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-84205631786943966112016-05-18T21:54:00.000+02:002016-12-01T10:06:27.641+01:00L'amie prodigieuse, d'Elena Ferrante<div style="text-align: justify;">
<a href="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/01a/product_9782070466122_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/01a/product_9782070466122_195x320.jpg" /></a>J'aimerais bien lire plus souvent des bouquins comme <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/L-amie-prodigieuse">L'amie prodigieuse, d'Elena Ferrante, </a>disponible chez Folio ou en audiobook dans la collection Écoutez lire. La narratrice s'appelle aussi Elena, et on se demande s'il s'agit d'un roman, ou d'un récit. Enfin, on se demande une page ou deux, après quoi, ça n'a plus d'importance, parce que même si tout n'est peut-être pas vrai, tout sonne juste. Elena est une bonne élève. Elle travaille, elle est gentille, studieuse, et son institutrice ne s'y trompe pas. Elle la pousse à aller au collège, ce qui, à Naples, dans les années 50, est encore un privilège de riche. Mais Elena sait que c'est son amie Lila, qui est intelligente, bien plus qu'elle. D'une intelligence prodigieuse, acérée, tranchante jusqu'à la méchanceté, parfois jusqu'à la lisière de la folie. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
C'est tout le quartier qui est fou, avec ses mafieux, ses communistes, ses artisans, ses commerçants, ses traditions sous lesquelles on étouffe. Le prodige, c'est la façon dont Elena Ferrante parle de tout cela, sans nous perdre, sans trop en faire, sans hystérie, sans effet de manche. Le livre est impossible à résumer, parce qu'il parle autant des aspirations que des résignations, des respirations que des assignations, chacun à sa place, et chacun veut se hisser un petit peu au-dessus. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Elena et Lila grandissent, Elena apprend, Lila comprend, à l'école, dans la rue, ensemble, séparément, ensemble, le latin, l'amour, les règles et la façon de les transgresser. L'amie prodigieuse est de ces rares livres qui s'octroient une partie de votre cerveau dans laquelle les personnages vivent entre deux lectures ; ils y laissent leurs souvenirs comme si c'était les vôtres. On relit des passages sans jamais voir ce qui les rend admirables. Le style d'Elena Ferrante est sobre, calme. Implacable. Comme Lila lorsqu'elle jette la poupée de son amie dans la cave ce de Don Achille qui terrorise le quartier. Le quartier lui-même implacable, qu'une nouvelle génération veut dompter, bête ancestrale qui se nourrit des rancœurs, des règles tacites, de la reproduction du passé. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Elena et Lila sont tout le quartier, et le quartier est tout pour elle. Elles seront adolescentes quand elles en dépasseront les limites pour la première fois, et plus tard, encore, jusqu'à la mer pourtant si proche. Toute l'étroitesse des vies est racontée par ces petites choses, et l'après-guerre souffle un air de changement. La modernité qu'il nous est si facile de décrier aujourd'hui chasse un ancien temps qui n'a rien d'un bon vieux temps. La misère, voilà ce qu'elle chasse. Et l'on a presque honte du confort d'aujourd'hui, des crises qui nous laissent nos voitures, nos penderies, nos téléphones intelligents. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Au fil des heures, j'ai retrouvé cette injonction paradoxale de mon enfance : lire plus vite pour suivre Elena et Lila partout, les connaître mieux, plus, et lire plus lentement pour ne pas atteindre le dénouement et les quitter trop tôt. Et lorsqu'il arrive, c'est la colère, parce qu'on aurait aimé, oh oui, on aurait vraiment aimé, enfin, j'aurais vraiment aimé qu'il fut écrit quelque part que l'amie prodigieuse n'est que le premier volume d'une série qui en compte déjà quatre. Mais où sont les trois autres ? Ils ne sont même pas tous encore traduits en français, alors combien de temps encore avant qu'ils sortent en poche ? Pourquoi, pourquoi m'envoyer ça et me laisser pantelant, assommé par le génie d'Elena Ferrante, sans que je puisse lire la suite, tout en sachant qu'elle est écrite, là, qu'elle attend d'être lue ? Peut on savoir pourquoi Elsa Damien, qui a fait une excellente traduction de ce premier volume n'est pas en train de travailler à plein temps sur les suivants ? Que fait Gallimard, que fait la Police ? Que font les manifestants ? Il y a cinq kilomètres entre la place de la République et le siège de Gallimard, alors en passant, exigez que la suite de l'Amie prodigieuse, d'Elena Ferrante, soit publiée chez Folio au plus vite, sinon, je vais faire une bavure. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L'audio de cette chronique est<a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/ElenaFerranteAmieProdigieuse.mp3"> ici. </a> Avec une musique de Delphin, un zicos russe des années 2000. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il faut noter pour la version livre audio la lecture exceptionnelle de Marina Moncade. </div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-37396253211215898302016-05-01T11:19:00.001+02:002016-05-01T11:19:37.384+02:00Biographie de George Orwell, de Stéphane Maltere<a href="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/0c0/product_9782070455386_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/0c0/product_9782070455386_195x320.jpg" /></a>Stéphane Maltère propose une <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-biographies/George-Orwell">biographie de George Orwell</a>, et elle est disponible chez Folio.<br />
<br />
Quand on lit un écrit portant la marque d'une forte personnalité, on a le sentiment de voir un visage derrière les pages, visage qui n'est pas nécessairement le véritable visage de l'auteur.<br />
<br />
C'est George Orwell qui écrit cela à propos de Dickens. Et il conclut par : ce que l'on voit, c'est le visage qui aurait dû être celui de l'auteur.<br />
<br />
Un jour, j'ai lu Dans la dèche à Paris et à Londres, de George Orwell. J'avais déjà lu 1984, comme tout le monde, et j'avais aimé, comme tout le monde. Mais Dans la dèche me faisait aimer non le livre, mais ce visage de l'auteur, que je croyais entrevoir. Évidemment, la biographie documentée, sobre et claire de Stéphane Maltère a confirmé que ce n'était pas le visage de l'auteur. Geroges Orwell s'appelle en fait Eric Blair. Il est un enfant d'une famille de la classe moyenne plutôt laborieuse, une famille appauvrie à son retour de Birmanie. Il fait ses études parmi des plus riches que lui, se fait des amis, se bat, écrit, déjà. Puis il s'engage dans la police coloniale, parce qu'il faut bien vivre. Est-ce que tout le George Orwell qu'il deviendra est déjà dans ce jeune homme écœuré par l'Empire Britannique, par lui-même, par ce que l'Empire lui a fait faire, parce que l'Empire a fait de lui ? George Orwell a ses côtés obscurs, ses zones d'ombres, ses faiblesses, sa maladresse, avec les femmes, surtout, et même l'image qu'on se fait de son engagement dans la guerre d'Espagne est plus romantique que ce qu'il en décrit lui-même. On aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, trouver un guide, mieux, un chemin à suivre dans la biographie de George Orwell.<br />
<br />
Mais toute la force de Stéphane Maltère, est que moins Orwell est montré sous un jour sympathique, et plus on l'aime. Parce qu'Orwell ne triche pas. Il n'essaie pas de se faire aimer, il essaie de penser conjointement la gauche et la liberté, la littérature et l'action, l'engagement et la lucidité. S'il montre un chemin, c'est celui de l'honnête homme, qui a le courage de penser contre son camp. La légende dorée ne cache pas seulement les ombres de George Orwell, elle cache surtout le mal qu'on lui a fait. On se paye en idolâtrie l'aveuglement qu'on a eu vis à vis du communisme, on célébrant 1984, pour oublier qu'avant, La ferme des animaux avait été refusée partout. Il finit d'écrire 1984 en 49, et il meurt en 1950. J'enrage, de voir tous ces artistes sensibles, qui se battent toute une vie pour écrire, pour vivre et écrire, et qu'on rembourse après leur mort par une acclamation un peu grégaire, bruyante mais étroite. Orwell, comme Camus, est un de ces grands hommes qui disent ce qu'il faut dire, qu'on déteste pour ça, puis, quand cela ne sert plus à grand-chose, qu'on adore pour ça.<br />
<br />
On pourrait reprocher à Stéphane Maltère une sobriété presque morne, mais il me semble qu'il s'agit avant tout, pour lui, de s'effacer devant George Orwell. Et la biographie qu'il lui offre, disponible chez Folio, lui ressemble, droite jusqu'à l'intransigeance.<br />
<br />
<br />
Pour l'audio, il est <a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/MaltereOrwell.mp3">ici</a>. <span style="font-size: xx-small;">Et je ne me suis pas foulé car j'ai encore pris Royskop comme fond sonore. </span><br />
<br />
<br />
TL;DR : Orwell, un type sincère, raconté sans chichi par Stéphane Maltere.<br />
<br />
<br />
<br />mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-77119225242541238482016-03-22T21:36:00.000+01:002016-04-05T21:07:48.182+02:00Ce qui est écrit change à chaque instant. <div style="text-align: justify;">
<a href="http://www.castorastral.com/wp-content/uploads/2015/08/Ce-qui-est-ecrit-anthologie-recto-325x495.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.castorastral.com/wp-content/uploads/2015/08/Ce-qui-est-ecrit-anthologie-recto-325x495.jpg" height="200" width="131" /></a>Avec <a href="http://www.castorastral.com/livre/ce-qui-est-ecrit-change-a-chaque-instant/">Ce qui est écrit change à chaque instant</a>, le Castor Astral fête les 101 poètes publiés au cours de ses 40 années d'existence. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le Castor se penche sur ces quarante années comme pour donner raison à Franck Venaille dont on peut lire dans ce recueil : « J'étais cet homme qui revenait sur ses pas. J'avais moins peur ! Je pouvais pénétrer dans la forêt de mimosas et regarder avril en face. » </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La poésie, au Castor Astral, c'est une poésie d'après les rimes, d'après les formes habituelles, une poésie qui cherche à s'approcher de nous à s'imiscer dans la vie quotidienne, pour une petite danse de tous les jours comme celle que propose Ariane Dreyfus. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Parfois, je te demande seulement de danser. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Que nous dansions </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>piétinant tendrement. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Petits, les enfants s'approcheraient</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>La danse si discrète sans être nus</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>C'est une braise adoucie, </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Les vêtements des amants.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
C'est aussi une poésie de combat, brute, avec des phrases comme celle que Lance Daniel Biga : </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Les chants désespérés sont les chants les plu beaux... disait l'autre connard et c'est du désespoir qu'on tire la plus belle bière...</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
C'est une poésie qui a les deux pieds dans le réel, et qui pourtant tend le cou pour nous voir d'au-dessus, sans nous regarder de haut, c'est Renaud Ego qui écrit : </div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Noeuds routiers parkings vagues sur un reste de vert</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>les splendides villes sont devenues obèses</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Le suint de l'époque y déborde partout</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>bibelots gadgets vêtements victuailles</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>que des yeux lapent et que d'autres yeux surveillent.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
En quarante ans, la poésie en a pris plein la gueule, dans toutes les directions. Les aphorismes goguenard de Frederic Lasaygues :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Il y aura toujours des marchands de chaussures trop petites pour vous persuader qu'elles se feront à votre pied</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Ne les croyez pas</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Les marchands d'idées toutes faites procèdent de la même manière</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Parfois une poésie qui regarde là où ça fait mal, vers l'absence, quand Kirmen Uribe écrit : </div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Tu aimais le risque</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>De l'avis de certains, une enfance difficile</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i> aurait définitivement gravé des ruisseaux taris dans les paumes de tes mains,</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>d'où cette tendance à t'approcher de la marge, de l'abîme</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et parfois, une poésie qui réconcilie avec Miriam Van Hee :</div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Ce qui console n'est pas la lumière</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>l'important, c'est qu'elle change</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>disparaît et revient</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>d'où que vienne le chagrin.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ce qui est écrit change à chaque instant, c'est une anthologie, une suite de portes entreouvertes, dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs qu'on aura envie d'aller voir ou nonOlive Senior, Ossang, Jean-Yves Reuzeau. Ou de Charles Juliet, dont je ne peut citer une ligne car je soufrirais trop d'avori coupé son poème <i>où aller que faire. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La poésie se relit, bien mieux que ne se relisent les romans, trop lourds pour les vies nomades. On peut la relire souvent, par fragments, il suffit de quelques minutes, et on se rend compte que ce qui est écrit change à chaque instant, selon la phrase de Transtromer qui sert de titre à ce petit livre dense. Ce qui est écrit change, parce qu'on a bougé, parce qu'on ne lit plus du même endroit de nos vies, parce qu'on ne cesse de chercher, d'un poème à l'autre, d'un auteur à l'autre, d'une vie à l'autre, parfois, parce qu'on a plusieurs vies quand on cherche la beauté comme des chasseurs cueilleurs, au gré de nos saisons, qu'on appelle des âges. On peut refermer Ce qui est écrit change à chaque instant, Au castor Astral, et garder en mémoire cette phrase </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Les sédentaires cherchent en vain les portes de désert. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ce qui est écrit change à chaque instant</div>
<div style="text-align: justify;">
40 ans d'édition / 101 Poètes</div>
<div style="text-align: justify;">
Le Castor Astral</div>
<div style="text-align: justify;">
12 € (12 € putain, c'est rien pour 40 ans de poésie)</div>
mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2801763057225000228.post-42495063179767059812016-02-22T20:29:00.002+01:002019-03-03T12:29:11.780+01:00La marquise, George Sand, Folio<div style="text-align: justify;">
<a href="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/1b4/product_9782070456215_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/1b4/product_9782070456215_195x320.jpg" /></a><a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folioplus-classiques/La-Marquise">La marquise</a> est un texte court de George Sand, publié dans la collection classiques de Folio, et, contre toute attente, cette marquise m'a chamboulé. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Lorsqu'on la découvre, pourtant, au début de cette nouvelle, c'est une vieille femme fade, dont la beauté, désormais fanée, l'a privée de la nécessité de développer l'esprit vif et moqueur, le cynisme élégant que le narrateur attend de cette noblesse déjà en passe de disparaître. Cette vieille femme dont l'amant vient de mourir, il l'écoute avec ennui, avec même un peu de condescendance. Et c'est peut-être pour cela qu'elle s'ouvre à lui et lui raconte son histoire. Mais c'est la voix de George Sand qu'on entend. Sans l'acuité de son écriture on ne lirait que la vie d'une jeune fille mariée trop tôt, veuve trop vite, et qui, dégoûtée des hommes, de leur vulgarité, guérie par eux de cette maladie qu'on appelle le désir se contente d'une vie où la vertu, quand elle est soumise à si peu de tentations, se confond avec l'ennui. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Alors, la force de George Sand c'est de nous émouvoir avec un personnage antipathique. Si sa marquise avait été charmante, l'identification aurait joué à plein, et on serait passé à côté de l'essentiel : la vulnérabilité de la femme, fut-elle marquise dans une société régie par les hommes, par leur volonté, leur désir. Elle ne parvient à garder un semblant d'indépendance qu'en devenant la maîtresse d'un homme gentil et grossier, qui l'aime avec la sincérité stupide de celui qui ne voit que la beauté, qui n'aime jamais plus loin qu'il ne désire. Il y a une pudeur immense dans la façon dont George Sand décrit le dégoût domestique d'une femme tenue de consommer une union qui ne la comble sur aucun plan. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et pourtant, cette femme froide, belle et hautaine succombe elle aussi à l'amour, une fois, une seule, et encore, sans jamais lui céder, puisque la passion qu'elle entretient avec un comédien reste jusqu'au bout platonique. Et même, presque platonicienne, car elle ne veut voir en Lelio, son comédien, que l'idée qu'elle s'en fait, plutôt que l'homme qu'elle découvre derrière l'acteur, plus vieux, plus fatigué, plus vulgaire. Alors, comme si George Sand croyait elle-même à la puissance d'une vertu constante, on voit Lelio jouer un rôle, inédit, pour lui, celui de l'homme que la marquise veut voir, celui de l'homme qu'il veut être pour elle, celui de l'homme qu'elle a attendu toute sa vie : l'amoureux béat et transi. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
On retrouve chez George Sand ce grand-écart du féminisme actuel, entre la revendication farouche d'une indépendance légitime et la difficulté d'abandonner tout à fait les rêves de prince charmant, d'amours éthérés. On aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, ne pas y voir un travers symétrique au machisme patriarcal, c'est à dire une incapacité complémentaire à voir les gens de l'autre sexe comme des personnes à part entière, une façon de les voir toujours comme les moyens de la réalisation d'un modèle, ou d'un rêve, et même s'il est beau, même s'il est louable, faire de l'autre la pièce d'un puzzle qui dessine une idée, qui parle à l'esprit au lieu de s'adresser à l'âme. C'est toujours voir l'autre comme un moyen au lieu de le voir comme une fin, ce qui est une définition feutrée de la violence. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
C'est toute cette complexité de sentiments, décrite dans une langue pourtant apparemment précise, apparemment détachée, à travers une histoire au romantisme apparemment un peu banal, qui fait que cette Marquise, de George Sand, disponible en Folioplus Classiques est, bien plus qu'un roman de comédien, quoi qu'en dise le dossier un peu scolaire qui l'accompagne, un des textes les plus profondément féministes qu'il m'ait été donné de lire.<br />
<br />
Pour l'audio, disponible <a href="http://cequejaipensede.sylonline.biz/GeorgeSandMarquise.mp3">ici</a>, j'ai fait preuve d'une absence totale d'originalité en associant George Sand et Chopin. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
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mgoussuhttp://www.blogger.com/profile/00229320646105398804noreply@blogger.com2