Ce que j'ai pensé de

Ce que j'ai pensé de
Des bouquins, et pas de place pour les ranger

lundi 27 octobre 2014

Pas de chronique de livre ce lundi.


 Ce n'est pas faute d'avoir lu. Ce que je chroniquerai, j'espère, à un autre moment de la semaine. Mais aussi, et cela m'a pris plus de temps, les épreuves d'un livre que je ne chroniquerai pas. Parce que je l'ai écrit. 

Relire les épreuves d'un livre qu'on a écrit, c'est un peu comme écouter pour la première fois un enregistrement de sa propre voix. Tu sais que c'est toi, mais tu n'arrives pas à croire que c'est toi. Ou de se voir sur un film de vacance. Quand on se regarde dans le miroir, on se voit toujours plus ou moins de face, et toujours en faisant la tête à laquelle on s'identifie le plus, mais qui n'est jamais la plus naturelle. Qui se marre avec naturel devant son miroir ? Qui s'y regarde comme s'il était vraiment en train de parler à quelqu'un d'autre ? Pourtant, c'est aussi une question de miroir, comme de regarder, à quinze ans, l'état de sa peau avant un rencard. Les boutons, les points noirs, les coquilles, les tournures de phrase maladroites. Les chapitres un peu longs, et « pourquoi j'ai écrit ça comme ça ? » 

Il m'a fallu un peu plus de deux ans et demi pour écrire Le poisson pourrit par la tête. On aurait aimé, enfin, j'aurais aimé que ce soit suffisant pour l'écrire exactement comme je voulais qu'il le fut. Mais entre le moment où l'éditeur finit par l'accepter, et celui où il envoie les premières épreuves non corrigées, il s'écoule des mois. Et surtout, des mois sans penser à ce livre. Des mois passés à chroniquer les livres des autres, de la musique, des mois passés à écrire d'autres choses, à tenter en vain d'avancer sur un nouveau roman, des mois à chercher du boulot, à penser à tout sauf à ce livre dont on a l'impression qu'on l'a jeté dans le grand bain : « vas-y, débrouille-toi maintenant » alors que ça ne fait que commencer. 

J'aurais dû couper ça, faire plus court. Et ce moment de rage, quand je vois que quelqu'un a remplacé, « un peu de jalousie » par « quelque jalousie ». Serait-ce de là que ça vient, tous ces mots qui n'existent que dans les mauvais livres ( moult rebondissements, un tantinet mordoré, quelque sentiment mitigé) ? Des blagues que glissent les éditeurs pour vérifier si leurs auteurs relisent vraiment les épreuves ?

Au milieu du livre, je me dis, ça, on pourrait couper, ça, raccourcir… mais… plus le temps... j'ai déjà essayé et…
Et, enfin, la fin du livre. Je suis étonné de ne me comprendre qu'à retardement. De me rappeler ce que j'ai voulu faire. De me dire que j'ai ressenti ce que je voulais que le lecteur ressente. Ce petit effort qui oblige à s'impliquer, et qui fait qu'on est déjà dedans (ou parti ?) quand la fin devient plus facile. La fin comme récompense du voyage entrepris. C'est étonnant de voir tous les éléments que je voulais enlever trouver leur destination, prendre sens. Alors que j'aurais dû le savoir, j'ai écrit ce livre. 

Lorsque j'ai laissé ce matin, à la poste, l'enveloppe qui contenait ces premières épreuves, désormais corrigées, je me suis rappelé le nombre de fois où j'avais déjà envoyé cette volumineuse enveloppe, et où en retour une simple lettre de refus, parfois personnelle, souvent standard, me rappelait qu'il fallait retravailler encore. Maintenant, c'est au Castor Astral de travailler. De corriger encore ces épreuves déjà corrigées, d'aboutir aux secondes épreuves, puis au livre définitif. Et je me suis soudain demandé, si, à l'inverse, je serais le seul pour qui la forme du livre, rapide, plus lent, rapide, aurait l'effet escompté, le seul à ressentir ce soulagement, cette réconciliation, avec le personnage, avec le livre, lorsque la fin s'accélère. 

Patience donc, en espérant que la sortie du Poisson pourrit par la tête, au Castor Astral, en janvier, m'apportera quelques réponses extérieures. 


Post-scriptum : ceux qui auront reconnu mon appartement savent que je suis incapable d'en faire des photos correctes. Celles-ci ont été faites par Drawoua Récréation, qui tient le blog Maman-Baobab, et qui en a parfois marre d'être mon amoureuse. C'est à elle qu'on doit l'existence de ce blog. 

mardi 21 octobre 2014

Laurent de Wilde : des poules et des mouches.

Il ne se passe rien au-delà du périphérique ouest. Pour être franc, l'ouest parisien, déjà... Alors dans le Finistère. Finistère. Penn ar bed. Le bout du monde.  Et au bout du bout ? Brest. Vous imaginez comme il ne s'y passe rien. D'ailleurs, on dit qu'on ne passe pas à Brest, qu'on y vient. Parce qu'après, c'est la mer, et, si on continue tout droit, Saint Pierre et Miquelon. 

Et pourtant, on y vient de plus en plus, notamment les artistes, parfois surpris de la diversité des lieux désireux d'accueillir le spectacle vivant. Quartz, Carène, Mac Orlan, la liste est encore longue.  Mais il fallait quelqu'un pour le dire. Quelques uns, même, dont j'ai le plaisir de faire partie depuis que Julie Lefèvre, Stéphane Debatisse et Natalia Leclerc ont monté le Poulailler. Danse, art contemporain, musique, théâtre, le Poulailler est un webzine culturel général qui apporte à l'effervescence artistique local l'écho qui lui manquait. 

Comme il s'agit d'un partenariat hyper rémunérateur pour moi, mon avocat, mon agent, mon notaire et mon conseiller Crédit Mutuel m'ont conseillé d'accepter la clause d'exclusivité qui m'interdit de publier ailleurs les articles que j'écris pour le Poulailler pendant les 30 jours qui suivent leur parution. 

Or je voulais faire toute la publicité possible au projet Fly, Superfly ! de Laurent de Wilde, Otisto23 et NicolasTicot, dont j'ai chroniqué ici la création à l'Estran, la petite salle dynamique de Guidel, Morbihan. Donc, je vous propose d'aller lire le compte rendu ici. 

Ils le jouent à nouveau le 28 novembre au New Morning, à Paris, et le 29 novembre au Périscope de Lyon. Toutes les infos sur le site de Laurent De Wilde : http://www.laurentdewilde.com/on-tour. Si vous aimez les mélanges jazz électro qui tapent, les créations visuelles éblouissante, ce "mouche, supermouche !" est le truc à ne pas manquer cette année.

Pour ceux qui veulent avoir une idée de comment ça sonne, voici la version studio du morceau flying lips, . C'est trop propre par rapport au concert, et surtout manque l'élément visuel.

MAIS, je ne vais quand même pas vous refourguer uniquement du recyclé de poulailler, hein ? Allez, une petite interview exclusive de Laurent DeWilde :



On retrouve dans l'équilibre entre le gros son et les lignes de piano jazzy et aérienne l'ambiance qu'il y avait au début du drum and bass, chez des artistes comme Kruder et Dorfmeister par exemple…

Otisto et moi venons d’horizons un peu différents. Il était beaucoup plus harcore que moi, à lui Aphex Twin, à moi Amon Tobin, à lui Radio Bomb, à moi Ernest Ranglin. Notre son reflète cette synthèse.

Mais pas Saint Germain ? C'est plus grand public comme référence, mais immanquablement, quand on mélange le jazz et les sons électro…

Oui, c'était un des premiers à le faire, mais ce n'est pas le même climat, c'était beaucoup plus "light", et c'était surtout basé sur des samples.

Justement, une des spécificité de Fly ! c'était que l'ensemble des boucles étaient créées en direct, à partir des sons réels issus du piano. Pour Superfly ! Vous avez eu recours à des featurings, avec Guillaume Perret, le percussionniste Bijane Chemirani ainsi que le beatboxer Nico Giemza Tiko. Sur scène, vous vous autorisez à utiliser des boucles d'eux que vous avez samplées…

Ça fait maintenant sept ans qu'on travaille avec Otisto, et au départ, le truc de créer le son en direct, c'était une façon de montrer qu'on crée dans l'instant, c'est ça le machin, la prise de risque devant le public. Les Américains disent que c'est comme patiner sur de la glace très fine.
Mais le problème de cette approche, c'est la progression que ça impose au morceau. On doit commencer par produire les sons, puis les reprendre, les organiser…. Là, en s'autorisant des samples, on peut directement commencer fort.

Justement, la force du beat, de la pulsation, c'est quelque chose qu'on ressent très fortement dans ce nouveau spectacle.

On avait envie d'un truc qui tape fort, qui fasse un peu bouger la tête. On a joué à différents endroits avec Otisto, à La Réunion, à Pékin et on avait envie de quelque chose qui puisse être reçu partout. C'est aussi un répertoire que j'aime de plus en plus.

Le dispositif du cylindre de tulle est vraiment bien utilisé par Nicolas Ticot, la transparence permet de ne pas vous isoler du public. Pourtant, le fait que vous tourniez le dos, au départ, c'est un peu excluant. En fait, jusqu'à ce que vous sortiez, à la fin du premier morceau, expliquer le dispositif, on se dit « Ah, ok, ils vont nous tourner le dos toute la soirée ». Après, la communication est telle qu'on n'y pense même plus, mais ça colore un peu le premier contact…

En fait, il y a pas mal de contraintes. Il faut qu'Otisto et moi, on puisse se voir. On communique beaucoup pendant le concert, c'est ce qui permet de ne pas tout prévoir, de garder le côté « patiner sur de la glace très fine ». Et il n'y a pas trente six mille façons de se positionner. Tu le vois sur les trios piano, contrebasse, batterie en jazz. Pour que chacun voie les autres et soit vu du public, c'est un vrai casse-tête. Par exemple, si je me positionnais de trois quarts face au public, non seulement on ne verrait plus mes mains, mais il y aurait tout le piano entre la salle et moi. Et c'est quand même un putain de meuble. En fait, la proximité avec le public, elle ne se fait pas seulement avec les yeux.



lundi 20 octobre 2014

Folie dans la Famille, William Saroyan

Folie dans la famille, de William Saroyan, paru chez Libretto, m'a fait passer par toutes les émotions possibles, en à peine 150 pages.


Bien-sûr, j'ai une faiblesse particulière pour les récits de fils d'immigrés. Je suis toujours sidéré d'assister à cet entre deux mondes. Celui de la communauté d'origine, reconstruite dans le pays d'accueil, pour tenir, face à la pauvreté, face au rejet, face au déracinement. Et celui du pays d''accueil, inconscient d'être lui-même le fruit d'un rêve unique porté par les vagues des immigrations successives. Saroyan décrit sa famille, sa communauté, une Arménie en sursis dans la petite ville Américaine de Fresno. Il montre autant de folie que de sagesse, une déraison slave que tempère à peine un fatalisme déjà oriental. Et il montre l'Amérique, celle où chacun se bat pour vingt-cinq cents par jour, puis pour son premier dollar, une Amérique impitoyable, mais où le travail permet de s'en sortir.

Bien-sûr les histoires ont subi la lente transformation mythologique des récits racontés cent fois, déformés, embellis. Pourtant on imagine que la famille Bashmanian ressemble d'assez près à la tribu dont Saroyan s'est extrait à la force de sa plume. Pas d'histoires larmoyantes, pas de leçons. Saroyan écrivait de lui-même : « Je n'élabore pas une intrigue passionnelle. Je ne crée pas de personnages mémorables. Je n'ai pas un joli style, je ne fignole pas une belle atmosphère. [...] J'écris une lettre aux gens ordinaires ; je leur dis dans un langage simple des choses qu'ils savent déjà. »

Chaque nouvelle est racontée à la première personne. Un nouveau narrateur à chaque fois, mais jamais vraiment un narrateur différent. Car tous partagent un solide bon sens qui ouvre leurs yeux sur l'absurdité têtue des comportements familiaux. Mais tous partagent une bienveillance inoxydable, une tendresse, qui ne tournent jamais au jugement et à la condamnation. Saroyan leur offre la parole et leur âme en sort guérie.

Les histoires partent de l'enfance à Fresno et se poursuivent jusqu'à la vie d'après la galère, d'après le succès, même, lorsque derrière les histoires de père divorcé à Paris on devine ces éléments de biographie qu'on connaît : l'alcool, le jeu, les dettes ces palliatifs qui permettent parfois aux doux de survivre ; en les empêchant de vivre vraiment. Bien-sûr, on aurait aimé, enfin j'aurais aimé ne pas sentir les évitements, les mensonges par omission, les exagérations. J'aurais aimé que la mythologie ne contamine pas le récit. Mais on se dit qu'en moyenne Saroyan ment d'un côté, puis de l'autre, si bien qu'en moyenne, on en retire une sorte de vérité statistique, non biaisée, et la conviction qu'il existe peut-être un chemin vers le réel qui ne passe pas par l'abandon de la mythologie, mais par la moyenne des mythologies multiples.

Et je crois que chacun peut trouver un peu de soi-même dans les errances de ses aïeux, à la manière de William Saroyan, avec la même bienveillance goguenarde qui éclaire le recueil Folie dans la famille paru chez Libretto.

La chronique audio peut être écoutée ici. Le morceau Elegy, d'Arno Babadjanian, compositeur arménien contemporain de Saroyan, sert de fonds sonore à cette chronique. 

 TL ; DR : un recueil de nouvelles, sur les membres d'une famille arménienne en Californie, entre le début du vingtième siècle et les années 70. C'est beau, drôle, bienveillant. 

mardi 14 octobre 2014

[Presque Tous] Mes lecteurs sont des robots !

Mes lecteurs sont des robots. Enfin, presque tous. À la fin de l'été dernier, je lançai en fanfare une série dont j'étais hyper fier, " The Marcel Proust experiment". Je carbure sur le montage, la Bretagne contredit sa mauvaise réputation, l'ordinateur chauffe, crachote, meurt. Le deuxième épisode ne verra pas le jour. Je passe l'été sans bécane, sans publier, triste comme un caillou, et furieux par avance de ce que mon silence éloignerait les lecteurs de "Ce que j'ai pensé de". 

Septembre, nouvelle machine, nouvel article sur le blog, un coup d'œil au stats : rien. Pas de cataclysme. Deux cents vues en moins seulement. 
Pour 4 semaines, ça ne fait cinquante vues par semaine à imputer à des vrais humains. Bien-sûr, il ne faut pas le dire aux éditeurs qui continuent à m'envoyer des livres passionnants, comme le magnifique William Saroyan que je chroniquerai lundi prochain. 

Bien-sûr on aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, avoir des milliers de lecteurs fidèles, j'aurais aimé être obligé de recruter une secrétaire à mi-temps pour la modération des centaines de commentaires déposés sur chaque article... Mais ça me rend chacune de vos paires d'yeux plus précieuses encore, et plus sincères aussi les remerciements que je vous adresse. 

lundi 13 octobre 2014

Petit éloge de l'errance, d'Akira Mizubayashi

Petit éloge de l'errance, d'Akira Mizubayashi, dans la collection Folio 2 €, est un livre déroutant et rassurant à la fois. Rassurant parce que déroutant. Il y a quelque chose de rassurant à se dire qu'il existe encore des différences culturelles, qu'il existe encore de l'étrange chez les étrangers, même lorsqu'il écrivent en français. 
On aurait pu s'attendre à des récits de voyage, ou au témoignage d'une vie underground et déjantée, mais l'errance dont parle Akira Mizubayashi exige de nous un déracinement pour se faire comprendre. Alors que nous sommes un peuple d'individualistes qui se lamentent sur l'absence d'esprit collectif, le Japon que décrit Akira Mizubayashi est un corps étatico-moral unique, un animal à sang froid au nom duquel ses habitants se réfugient dans un conformisme mortifère. 

On aurait aimé, nous, enfin, j'aurais aimé, que mon pays respire d'un seul souffle, j'aurais aimé croire qu'en cas de catastrophe nucléaire certains d'entre nous se porteraient volontaires pour décontaminer un site au péril de leur vie. Mais ce que montre Mizubayashi, c'est que c'est ce même esprit de corps, qui après la catastrophe, empêche l'émergence de voix discordantes, la réflexion individuelle au service du collectif. 

La démonstration passe par un éloge étonnant du contrat social de Jean-Jacques Rousseau, sans doute un peu idéalisé, à la façon dont nous redécouvrons la beauté de notre pays dans les commentaires émerveillés de touristes qui n'en sont pas blasés.  

Les passages où l'auteur s'éveille à cette dissonance entre lui et le collectif renvoient à son enfance, à la honte, à la peur de la différence. Ce sont les plus forts du livre. Ils semblent expliquer les scènes du cinéma de Kurosawa autant qu'être expliquées par elles, et l'on peut relier l'expérience du Ronin qui s'exclut volontairement des ordres de la société japonaise et celle d'un jeune universitaire peu chaleureux qui doit se battre contre les positions d'autorité de grands professeurs et de petits ambassadeurs. 

L'errance dont on souffre parfois, celle qui nous fait pleurer une communauté fantasmée où l'on n'a jamais su trouver sa place, celle qui nous fait envier ceux qui ont trouvé la leur, l'errance qui nous fait dire « ce serait plus facile si je faisais comme eux », c'est aussi celle qui nous empêche de penser comme eux, ceux qui sont nés quelque part, de penser comme ceux qui ne font pas l'effort de penser. Mizubayashi, lui, a dû apprendre à penser contre son corps social pour se faire « habitant solitaire d'un royaume intermédiaire où l'on parle à la fois japonais et français, et en me demandant comment un jour, on pourra faire advenir un monde meilleur plus soucieux de la valeur de chaque voix singulière, et par conséquent, de chaque individu. » 

Il doit exister entre le conformisme et l'individualisme une zone où se pratique ce Petit éloge de l'errance, cher à Akira Mizubayashi et disponible dans la collection Folio deux euros. 

Le fonds sonore de la chronique, que vous pouvez écouter , est assuré par le morceau The Lost voices du DJ Japonais DJ Krush.


TL ; DR : Petit éloge de l'errance, de mizubayashi, en Folio 2 € (seulement 2 euros!) parle de la nécessité de laisser s'épanouir des voix singulières. Ecrit en français par un japonais, c'est un miroir inversé de notre société. Déroutant et rassurant à la fois. À lire. 

lundi 6 octobre 2014

Chercher Proust, de Michaël Uras (avec Christophe Lucquin)

 Dans la sélection du prix des lecteurs du livre de poche, cette année, il y avait une petite pépite.

Chercher Proust, de Michael Uras, publié d'abord par Christophe Lucquin puis disponible au Livre de Poche, était un livre trop délicat pour faire partie du palmarès. Mais il ne faut pas se fier à son titre, car si la passion que le héros ressent pour Proust contamine sa vie, elle ne contamine pas le style de Michael Uras, qui offre une histoire burlesque, imparfaite mais vraiment accessible et attendrissante. On aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, que l'auteur nous en parle lui-même, mais c'est son éditeur Christophe Lucquin, que j'ai eu la chance de rencontrer, et qui mieux que moi, nous donne un aperçu, à travers le parcours de ce livre sympathique, de la fragile existence d'une petite maison d'édition. 

Pour une fois, l'intégralité de la chronique n'est disponible qu'en audio, ici, parce que je n'ai malheureusement pas le temps de retranscrire l'interview de Christophe Lucquin,