Ce que j'ai pensé de

Ce que j'ai pensé de
Des bouquins, et pas de place pour les ranger

lundi 30 mars 2015

Les Racines Déchirées, de Petina Gappah

Les racines déchirées est le premier recueil de nouvelles de Petina Gappah, disponible en poche chez 10-18. Le titre est un peu grandiloquent, comme s'il était impossible de parler d'Afrique sans évoquer les racines, le folklore. Mais c'est l'éditeur français qui a fait ce choix, car le titre original reprenait celui d'une des nouvelles. Petinah Gappah, elle, évite tous les clichés, tous les écueils de l’écrivain africain qui écrit pour le monde entier. Pas de pittoresque inutile, ni de misérabilisme, pas de revendication balourde : chaque nouvelle décrit un morceau de la réalité d'un pays qui n'a pas su prendre le virage de l'indépendance. 

Petinah Gappah change de sujet, de protagonistes, mais elle conserve sa capacité à faire le pas de côté qui lui permet de toujours trouver un angle inattendu. Pour nous parler de la rapidité avec laquelle on s'élève puis on tombe en disgrâce dans un régime révolutionnaire, elle décrit une femme qui pleure un cercueil qui ne contient pas la dépouille de son mari. Pour nous montrer la réalité des townships, elle décrit les extrémités auxquelles peut pousser le désir d'enfant. Et quand d'autres plus maladroits expliqueraient qu'un pays à qui on n'a pas laissé le temps de développer ses élites ne produit que des fonctionnaires incompétents, cupides et naïfs, elle raconte une histoire d'arnaque à la nigériane, dérisoire et tragique. 

On aurait aimé, parfois, enfin, j'aurais aimé, reconnaître un style, une langue spécifique, mais Petina Gappah prend à chaque fois la voix de ses protagonistes. Et c'est avec cet air de ne pas y toucher que l'auteure nous touche, parce que la pire des condamnations est rarement dans le réquisitoire, dans l'accusation, la récrimination, la pire des condamnations, c'est souvent la vérité toute nue, toute simple, celle des gens qui ne se révoltent même plus contre elle, celle qui n'a pas besoin qu'on la rehausse de couleurs criardes. 

Les lèvres des malades du sida sont simplement plus roses, la peau du propriétaire indien qui résiste à tous les changements de régime plus sombre, plus criard le pantalon de cet expatriée qui fait rêver tout le pays et cache la misère de l'émigration, car elle reste préférable à ce pays dont l'argent sans cesse dévalué ne permet d'acheter que les fonctionnaires corrompus. 

Ce pays, c'est le Zimbabwe. Et quand Petina Gappah laisse traîner des repères chronologiques, on réalise que tout ça dure depuis des décennies. On s'y est habitué, comme les personnages s'habituent à Mugabe, comme on s'habitue à la langue de bois autoritaire qui annonce puis accompagne les dictatures de tous les pays. Alors, pour résister à l'uniformisation, à la déréalisation du vocabulaire, Petina Gappah varie les registres, le ton, elle laisse non traduites beaucoup d'expressions dont on devine le sens par le contexte et dont la musique nous rassure, nous réjouit. La parole vivante est la marque de la vie, de l'humain, et l'universalité des histoires que raconte Petinah Gappah dans les racines déchirées, remarquablement traduites chez 10-18 par Anouk Neuhoff, devrait nous interroger sur notre passivité devant l'appauvrissement lexical, devant la relégation de la littérature aux marges de la société de consommation, devant la disparition progressive d'une classe moyenne heureuse, tous ces clichés face auxquels il faudrait, comme Petina Gappah, savoir faire un pas de côté pour les décrire avec la même bienveillance impitoyable.  



L'audio est disponible ici, avec un fond sonore de Chamunorwa Nebeta & The Glare Express, un groupe Zimbabwéen cité dans le livre. 


Oui, bon, ben ceux qui repèrent que je dis que "pas besoin de couleurs criardes", avant de décrire le "pantalon criard", ajoutant ainsi à la contradiction la répétition, z'ont qu'à me trouver un boulot, et je pourrai me coucher plus tôt et être moins crevé pour faire mes chroniques. Ou juste un salaire, tiens, je pourrai ainsi me remettre à écrire des romans. 

lundi 23 mars 2015

Emmanuel Carrère, Le Royaume

La voix du maître
Gallimard nous prévient que la version audio du Royaume a été abrégée par l'auteur afin, je suppose, de pouvoir tenir sur les deux CD que contient le coffret de la collection Ecoutez Lire. Pourtant quand Emmanuel Carrère nous fait la lecture de son dernier roman, on pourrait l'écouter indéfiniment. Son écriture limpide, fluide, nous emmène de sa crise mystique aux premières églises chrétiennes. Elle provoque des images, mieux des séquences entières dont le son et l'odeur de poussière restent longtemps après qu'on a terminé le livre. La voix posée, grave, mesurée d'Emmanuel Carrère donne l'impression que ce Paul, laid, colérique mais génial, visionnaire et radical, on l'a déjà rencontré. Plus qu'avec un documentaire télévisé, Carrère nous fait voir les apôtres, villageois juifs superstitieux et pêcheurs terre à terre, dont il rapporte avec amusement le bon sens pataud et un peu rétrograde. Comme toujours chez Carrère, il y a des mises en abyme : il nous parle de Luc, qui écrit sur Jean, ou Marc, parlant de Jésus en train de parler aux apôtres. Et tous écrivent des romans. Carrère est écrivain, est il vraiment romancier ?

L'intime et l'universel
Le récit de l'écriture de l'évangile se mêle, comme toujours chez Carrère au récit de sa propre vie, de sa crise mystique passée, aux questions qu'il se pose, essentiellement sur lui-même. Mais on découvre surtout les rapports troubles qu'il a entretenus avec sa marraine. C'est la partie la plus étonnante du livre. L'auteur ne semble ne pas réaliser à quel point il décrit une relation toxique pilotée par une marraine de conte de fée, à la fois bienveillante et tyrannique. 

La culpabilité, l'aveuglement, la domination
Comme tous ceux qui souffrent essentiellement de ne pas avoir eu à souffrir, Emmanuel Carrère souffre d'un manque de légitimité, qui l'entraîne dans des aventures spirituelles dont la vacuité proche de la folie nous étonne encore plus que lui-même. Cette articulation est la seule à rester dans son angle mort, trop proche pour qu'il puisse la traiter vraiment : le mécanisme par lequel il conjure sa culpabilité latente par la recherche d'idéal, chrétien ou bouddhiste qu'importe, tout plutôt que de renoncer à l'idéal, quand bien même le réel crierait partout au scandale. Lorsque la marraine illuminée et bigote tance son filleul qui se moque de Lourdes, on est proche de la sujétion. Elle lui reproche de se laisser dominer par son intelligence plutôt que d'écouter son cœur. On devrait se méfier des gens qui vous disent de dissocier l'intelligence et le cœur. 

Bien vivre le fait de ne pas vivre bien
La lecture du livre m'a suggéré cette hypothèse : le goût immodéré de Carrère pour le confort, la reconnaissance, la caution qu'il apporte à la grande industrie de la pornographie (il en parle àç chaque livre en disant que ça ne lui pose aucun problème, à tel point qu'il en parle à chaque livre) entrent en dissonance avec le soi idéal inatteignable que lui imposent son talent, son physique avantageux, sa culture générale immense. Cette dissonance, il lui faut l'amoindrir. L'astreinte religieuse, mais aussi le travail, qu'on devine permanent, énorme deviennent des moyens d'atténuer une culpabilité dont il parle à demi-mot. Mais il semble plus supportable pour Carrère de subir le délire chrétien de sa marraine que de payer des charges quand il emploie une jeune fille au pair. 

Les maîtres ne se situent que dans les jeux vidéos*
Alors on aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, conserver cet attachement déraisonnable que j'ai eu pour l'auteur de l'Adversaire, j'aurais aimé qu'en plus d'un modèle littéraire Carrère soit une sorte de modèle humain, le type à qui on envoie son livre en disant « regardez, j'essaie de devenir vous », le maître dont on voudrait devenir le disciple. Mais non. Chaque jour, à chaque pas qu'on fait pour atteindre notre Royaume, on doit choisir : vivre bien, bien écrire. Comme si, toujours autant depuis Proust, il existait deux royaumes en guerre, inconciliables, deux camps entre lesquels on est sommé de choisir, chaque jour, à chaque pas : la bonne littérature ou la vie bonne. Emmanuel Carrère a choisi, son Royaume, disponible chez Gallimard et en collection Écoutez Lire, c'est sûr, c'est la bonne littérature. 


* : "Les maîtres ne se situent pas que dans les jeux vidéos" est une citation du morceau "labyrinthe", présent sur l'album 3 fois plus efficace du collectif 2bal 2neg. La phrase est à 2'17

lundi 16 mars 2015

Les petits miracles

Même pas sur les tables chez Lefailler, pfff...
Non, le grand miracle n'a pas eu lieu. Retenu parmi la liste des dix premiers roman de la rentrée littéraire de janvier par le Prix Première de la RTBF, le Poisson n'a pas été retenu par le jury de lecteurs. Félicitations toutefois à Océane Madeleine qui remporte le prix et dont je n'ai pas encore lu D’argile et de feu, publié aux Éditions des Busclats.

Mais il y a des petits miracles. Je crois que j'avais parlé des encres vagabondes, qui ont fait une lecture très juste du Poisson.
Et Tilly Richard, qui en propose une critique très encourageante.
Et il me semble que je n'avais pas non plus parlé de la critique de Sylire, qui en plus d'être une critique littéraire pertinente est DRH d'une PME, et aurait pu avoir une vision plus sévère du bouquin. 

Et puis, quand le découragement gagne, quand on envie ceux qui sont restés et dont le compte en banque se remplit au fur et à mesure que le mien se vide, cet échange rapporté par un ami qui travaille encore dans le milieu : "Ce matin j'en ai parlé assez longuement avec quelqu'un qui a bien identifié tous les personnages pour avoir travaillé également avec eux, et vécu exactement les mêmes choses que toi, les mêmes pauses cafés, les mêmes pressions des mêmes personnes. Il a pris 6 mois de congés [sic] parce qu'il devenait dingue. Il m'a dit que les descriptions des personnages étaient très très réalistes. Il m'a dit qu'il l'a donné à sa femme en lui disant : Tiens, lis ça, c'est ce que j'ai vécu ces dernières années. Il en avait les larmes aux yeux."

Alors on se dit, bon, dommage pour les prix, et dommage pour l'absence de couverture par la presse papier ou radio, mais on s'en fout, le plus dur, c'était de sortir de la cave, et les gens le savent. La preuve, ces échos, de l'entreprise qui a servi de modèle à Avenir Futur, ou d'autres, parce qu'ils sont nombreux les paniers de crabes remplis de poissons pourrissant. Alors, si, parmi ceux qui les subissent, certains se sentent un peu moins seuls grâce à ce bouquin, c'est un petit miracle. Un miracle qui n'a pas de prix.

PS : pas de chronique de roman cette semaine pour cause de tête sous l'eau (tête sous l'eau, poisson, blague halieutique), mais il y a de la lecture d'avance, donc promis, fidèle au poste lundi prochain. 

lundi 9 mars 2015

Charlotte, de David Foenkinos

Avec Charlotte, de David Foenkinos disponible en livre audio dans la collection Écoutez lire, de Gallimard, on atteint les limites.

Les limites du livre lu, d'abord. Lorsque l'interprétation convient au lecteur auditeur une synergie des sensibilités artistiques peut améliorer l'expérience qu'on a du livre (c'était le cas pour moi avec les souvenirs, du même auteur, mais lu par l'excellent Loïc Corbery). Mais parfois, la mayonnaise ne prend pas. Au départ, on se dit qu'on va s'habituer, et on même on s'habitue un peu. Mais cinq heures quinze de lecture, si on ne s'entend pas, après s'être habitué, on se prend en grippe, puis on s'insupporte, comme un vieux couple qui ne peut pas divorcer pour des questions matérielles

Les limites de Foenkinos, ensuite. Son écriture, lorsqu'elle s'attaquait dans les souvenirs au quotidien, à l'intime ordinaire, collait au sujet et on pardonnait avec bienveillance la faiblesse des images, l'absence de personnalité marquée. Mais lorsqu'il décrit la vie d'une jeune juive de classe moyenne supérieure, issue d'une génération de suicidaires, rattrapée en même temps par son talent et la barbarie nazie, la langue de Foenkinos ne suffit plus. Rien à faire. Le besoin qu'a eu Foenkinos de passer à la ligne à chaque phrase, devant la lourdeur du sujet, on peut le comprendre, mais le résultat est trop lourd pour de la poésie en vers libre,  et trop léger pour porter le sujet.

Parfois, je me suis demandé si j'étais revenu en arrière, mais non. Les répétitions, qui devraient montrer combien l'histoire bégaie, ressemblent à des oublis rescapés d'une relecture trop hâtive.

Bien-sûr, il est impossible de rester insensible à l'horreur du destin de cette jeune femme dont la mère, la tante, l'oncle, la grand-mère se sont suicidés, et d'autres encore, et on aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, que l'effet de comique fut au moins volontaire, car un peu d'humour noir aurait apporté de la saveur à l'obsession de Foenkinos. Car la quatrième de couverture décrit un « écrivain hanté par une artiste et par un destin. » On ne sent pas cette dévoration. David Foenkinos se promène dans les rues allemandes avec le même flegme que son narrateur se promenait dans ses Souvenirs et les trottoirs d'un chef-lieu bas-normand.

C'est aussi la limite du livre « à sujet ». Lorsqu'un destin romanesque prend le lecteur en otage. Si l'écriture est à la hauteur, le syndrome de Stockholm joue à plein et nous devenons des prisonniers volontaires, ravis de communier avec empathie à l'horreur d'une trajectoire pathétique. Sinon, non. Et là, non. Bien-sûr, citer un exemple, tirer une phrase de son contexte est un procédé peu loyal, mais quand-même : Foenkinos décrit charlotte et « ses cheveux noirs comme des promesses », puis la montre enjoignant sa grand-mère à reprendre goût à la vie : « Et admire aussi les arbres fleuris. Et les couleurs qui ressemblent à des promesses. »

C'est une dernière limite de l'audiobook. On l'écoute au volant, en marchant, et il n'est pas possible de prendre des notes. On ne retient que ce qui choque. Et ces couleurs qui ressemblent à des promesses, cette image de collégien reprise deux fois dans le même livre, c'est ce qu'il me reste de Charlotte. C'est tout ? Pas tout à fait. Parce que malgré la presque absence de style, malgré cette lecture qui m'a tant gêné, la bienveillance de David Foenkinos paraît toujours sincère, réelle, et plus profonde que l'écriture qui la porte. On a envie d'aller voir ce que Charlotte Salomon a peint, a écrit. Et on peut y trouver du Klimt, du Munch, du Chagall, on y trouve surtout du génie, un mélange des genres entre peinture, dessin, presque bande-dessinée, on dirait aujourd'hui roman graphique. Faut il lire David Foenkinos, faut-il l'écouter dans la collection Ecoutez lire ? À la limite. Mais découvrir Charlotte, oui, c'est sûr.



Lorsque j'y penserai, je contrebalancerai mes chroniques négatives vers des blogs qui ont aimé plus que moi l'œuvre concernée. Pour Charlotte, de Foenkinos, vous trouverez une chronique positive ici et une autre .



vendredi 6 mars 2015

SR, la secte et les robots

Je voulais publier la chronique des Foudroyés de Paul Harding lundi, parce que une chronique chaque lundi sur le blog, hein, c'est ce qu'on a dit. Mais je voulais faire une chronique audio, parce que depuis que je reçois des livres audio de chez Gallimard, je fournis moins de chronique à Radio Béton, et ce blog ne serait pas ce qu'il est sans Des Poches Sous Les Yeux. Mais lundi, pas possible, pas la force, la chronique écrite à 23h, je ne me voyais pas enregistrer le tout dans la foulée.
Et les candidatures à envoyer, pour ne pas rester chômeur, et le travail pour valider la formation et...
Je me dis, je publie la chronique lundi, et mardi, j'édite et je rajoute un lien vers le son que j'aurai eu le temps de faire.

Et là, mon amoureuse, qu'est experte agrée en blog à portée internationale me dit :

" Mais personne va revenir pour écouter l'audio. Sauf SR. Mais SR ça compte pas, il compte dans les robots. "

Décryptons cette phrase énigmatique. D'abord, SR. Sa Royauté est celui qui héberge mes fichiers son pour que vous puissiez écouter les chronique et les téléchargeant depuis le blog vers votre appareil préféré. Enfin, dans la théorie, parce que dans la pratique, personne n'écoute les fichiers son, sauf... Sa Royauté. 

Ensuite, les robots ? Lorsque j'ai cherché à savoir d'où venait la fréquentation du blog, je me suis rendu compte que certaines pages étaient "lues" par des  bots. Bots, pour robots. Il s'agit de programmes chargés de lire un grand nombre de pages en série, et de voir s'il existe un espace où laisser un message non désiré, le plus souvent une publicité pour un autre site. Au départ, le blog n'ayant aucune notoriété ces visites étaient rares et les algorithmes devaient supposer que laisser un commentaire était inutile. Depuis quelques temps, je dois censurer ces spams, un peu plus nombreux et qui sont toujours formulés comme des commentaires enthousiastes. La première fois, le temps d'une milliseconde on se dit : ouaoh, un anglais laisse un commentaire. Comme j'avais eu une conversation sidérante avec Mark Downham, l'auteur de cyberpunk, à travers les commentaires de la chronique que je lui avais dédiée, pourquoi pas ? 

Mais quand ça commence comme ça :
 "I'm really inspired together with your writing abilities as well as with the layout for your blog. Is this a paid topic or did you customize it yourself? Anyway keep up the excellent quality writing, it is rare to peer a nice weblog like this one nowadays.."

C'est hélas en général pour se terminer comme ça : "Feel free to surf to my homepage words to win your girlfriend back" 
Avec un lien vers un quelconque site de développement personnel. Pour ceux qui sont rétifs à l'anglais, en substance : ton blog est merveilleux, viens voir sur le mien comment récupérer ta femme. 

Je te remercie, mais qui te dit que j'ai envie de la récupérer ! Ou qu'elle est partie ? C'est vexant à la longue. Certains sont plus truffés de faute, pour imiter la dysorthographie collective d'internet. 

Certains scripts plus pervers repèrent la langue de la page, la lient à un serveur de pub local et utilisent une traduction automatique pour générer le message. Ça donne des trucs merveilleux. Mon préféré à ce jour est celui-ci : "Bizarre transformé reportage « les bons modèle » mission corroborés réductions sur certains éditorial pouvant atteindre jusqu’à – 30 % de réduction ou bien en conséquence d’obtenir un remboursement à l’égard de 30 € sur certains produits. Outrepasser commande sur ceci position conforama.fr vous-même permet en quelques clics en compagnie de découvrir les promotions parmi cours, les valeur ces plus succinct du marché sur toutes ces catégories vendues. Vous accèderez si à la étude top confo vous révélant les produits ayant les meilleurs dénonciation qualité/total. Take a look at my homepage;"

Alors, c'est pas de la littérature, ça ? Ça méritait bien une petite critique ? 

Mais la quantité l'emporte sur la qualité : le nombre de commentaire spameux est nettement supérieur au nombres de commentaires humains déposés par les lecteurs du blog. À part ceux de quelqeus rares acharnés (merci, c'est hyper agréable quand on a l'impression d'un peu d'échange) et SR, que mon amoureuse classe donc parmi les robots. Et pourtant, elle a tort, car même à part lui, il y a d'autres humains qui laissent des commentaires sur mon blog. Ils appartiennent à la secte des adorateurs d'Irvin Yalom. J'avais fait une critique assez acerbe du livre "Le problème Spinoza" lors de ma participation au jury du Prix des lecteurs du Livre de Poche. Depuis, régulièrement, ses adeptes m'interpellent, parfois m'insultent, ou me demandent si je suis un sionniste intégriste. 

Pourtant, malgré les robots, malgré les Yalomistes, et grâce à SR, la fréquentation du blog augmente à tous petits pas. Pour la première fois, je crois, car je ne regarde pas les stats toutes les semaines, nous avons passé la barre des 1500 vues par mois, ce qui, déduit des robots, fait au moins plusieurs personnes, dont vous êtes puisque vous lisez ce message. 

Merci donc, d'avoir participé à ces 1500 vues, merci de m'envoyer des messages de soutien, comme celui-ci, qui m'a touché plus que d'autres : "Amazing! Thiis blg looks just like my old one! It's on a totally different topic but it has pretty much the same page layout and design. Outstanding choice of colors! Also visit my blog -" (génial ce blog resembl à le mien, mais qui n'avé rien à voir; A propos, visite mon site web).

Non, sérieusement, merci. 




PS : oui, j'aurais au moins pu mettre une image, mais j'ai mal partout (quelqu'un connait un posturologue, je deviens fou) et je suis crevé, mais je voulais vous remercier. 

mardi 3 mars 2015

Les Foudroyés, de Paul Harding

10-18 publie Les foudroyés, de Paul Harding.

Georges va mourir. Ce sont ses huit derniers jours. Devant ses yeux, déjà, des hallucinations. Mais encore des souvenirs. Pas toujours dans le bon ordre. Est-ce qu'il y a un bon ordre pour les souvenirs ? Ils se déplacent, comme les dalles d'un jeu de taquin : un seul emplacement de libre, tout bouge, et à la fin l'image se dessine. Mais la fin, c'est dans 196 heures. Georges soude un tuyau, la foudre s'abat sur lui. Georges se relève. Il finit sa soudure. Il ne la craint pas cette foudre là, celle de l'extérieur. Georges craignait son père. Peut-on craindre un poète ? Ton père n'est pas un foutu poète. Kathleen n'en peut plus de la foudre. Celle qui ravage le cerveau d'Howard, le père de Georges. Charlie, c'est toi qui es à côté de moi ? Georges ne voit plus son petit fils, il voit encore son père. Foudroyé, par la pire des foudres, celle qui vient de l'intérieur. Des heures avant l'épilepsie, Howard voit tout. Comme si toutes les écoutilles s'ouvraient, et que le monde s'engouffrait. Tout. Trop. C'est Paul Harding qui écrit ce que voit Howard, mais on ne croit plus à l'auteur, à son existence. On ne croit plus, on regarde, on écoute, on ressent ce que ressent Howard. Il est sur une carriole. Remplie de babioles, c'était au siècle d'avant le siècle d'avant. Ou juste après ? Du savon, des brosses, rien qui permette à Kathleen de croire qu'on en sortira un jour. En sortir de tout compter, y compris les jours, jusqu'au prochain accès de foudre. Georges compte. Soixantes-douze heures et pourtant la vie est partout. Paul Harding la prélève. Georges enfant, et son père, qui le regarde. Georges ne le sait pas. Est ce qu'on sait jamais vraiment combien un père nous aime ? Les souvenirs s'ordonnent. Chro-no-lo-gi-que-ment. Georges répare des horloges. Pas de caricature. Georges répare des horloges, parce que les gens sont prêts à payer cher. Pour prolonger la vie de celles qui mesurent la durée de la nôtre. Trop cher. Georges est un peu filou. C'est bien. C'est mieux que la métaphore, lourde. Mieux que les incises de manuel d'horlogerie. Un peu d'ennui. Comme les horloges, tout ne marche pas dans les foudroyés. On aurait aimé, enfin, on, ce serait moi, moi, moi, j'aurais aimé parfois, moins d'effet, parfois la poésie ne marche pas, mais souvent si, souvent la vie, là, cette Amérique de fils de colporteurs fils de pasteurs, des indiens, des indiens d'avant les réserves, les souvenirs viennent de loin. Transmis comment ? On n'en sait rien, je ne sais pas. Le « je » passe de Georges à Howard, puis du père au fils, au tu, au il, le jeu, le fil. Combien d'heure, maintenant pour Georges, combien de pages reste-t-il ? Un peu de réalisme magique, on aurait pu, j'aurai pu m'en passer. La déchéance de Georges, le corps, puis l'esprit, le corps se raidit, mais l'esprit, lui, se dissout, se dissipe. Comme le père d'Howard. C'était avant la première crise d'épilepsie. Et c'est la poésie, oui, qui, clarté, cristal, bruit de la pluie annonce la crise d'épilepsie. On ne peut pas tout en dire et c'est déjà fini. Je le referme. 
Je l'ouvre. 
Je le relis. 

Georges va mourir. 196 heures. Dès le début tout est dit, mais la narration morcelée permet de revenir en arrière comme si on n'avait jamais su,. Je relis. Une lignée d'hommes, arc-boutés sur la difficulté de ne pas tuer cet enfant, en nous, que la dureté de la vie muselle si on la laisse faire, ce petit enfant qui, sans qu'il sache qu'un regard est posé sur lui, offre une sépulture aux souris. La civilisation, c'est la sépulture et la poésie. Paul Harding est l'enfant qui essaie, qui n'arrive pas toujours, pourtant on l'applaudit, parce que ce qui mérite d'être réussi ne l'est  jamais du premier coup. Sauver l'enfant devenu vieux, sauver Georges, comme Georges a sauvé Howard. 10 centimètres sur 18 dans lesquels tiennent les Foudroyés, c'est ce paradoxe que Paul Harding nous rappelle : l'enfant sur lequel on veille nous sauve. L'enfant qu'on a en soi, celui à qui on a donné la vie, ou pas, c'est l'enfance qui nous foudroie. 

La version audio est ici, avec un grand merci à Mike Koenig dont le sont de foudre est libre de droit. C'est l'audio qui m'a fait prendre un jour de retard, pardon aux non-robots qui attendaient une chronique hier ! Saute le temps, il me faut du TEMPS.