Ce que j'ai pensé de

Ce que j'ai pensé de
Des bouquins, et pas de place pour les ranger

lundi 9 février 2015

Mensonges d'été, Bernard Schlink, chez Folio

Mensonges d'été, ce sont sept nouvelles de Bernhard Schlink, parues chez Folio, sept histoires de dissimulation, d'évitements, de petits arrangements avec la vérité.

Ne commencez pas le recueil par la première nouvelle, elle m'a semblé d'un ennui mortel. Ses protagonistes sont antipathiques, le format, trop long pour une nouvelle, trop court pour un roman, et l'histoire de ce musicien qui rencontre une femme trop riche à son goût se termine sans chute véritable. Mauvaise pioche ? La seconde nouvelle, une histoire d'adultère manqué, fonctionne un peu mieux, mais les personnages ne sont pas beaucoup plus attachants. Pourtant, il faut tenir, tenir ou passer aux nouvelles suivantes.

Les mensonges y deviennent plus énormes, leurs conséquences plus lourdes, et, paradoxalement, le recueil s'allège. On ne peut pas dire que la joie envahisse les pages, mais on décolle, juste assez pour ne plus toucher terre, juste assez pour que plus aucune friction ne permette de freiner les enchaînements et les engrenages. Plus les protagonistes se plantent, se ratent, plus on a envie de les aider, de les secourir, de les aimer.

Parce que celui-ci tente de sauver son amour, sa vie de famille ou que celui-là, escroc, voleur, peut-être même assassin est habité d'un charme délicat.

Quant aux trois dernières nouvelles, elles sont simplement bouleversantes.
On voit un homme devenir un homme juste à temps, être lui-même, enfin, juste avant de ne plus être du tout. Puis, un autre, et son père, à la fois si tristement conforme à l'image que son fils se fait, et autre, à jamais insaisissable. Le livre se termine par un voyage vers le sud, celui d'une vieille femme qui a bâti sa vie sur des souvenirs à double fond. Cette dernière nouvelle est la seule à finir sur un retournement de situation inattendu, comme si Bernhard Schlink voulait nous dire : « Bon, si je n'ai pas mis de chute spectaculaire aux précédentes nouvelles, c'est que j'ai choisi de ne pas le faire, de ne pas donner dans l’esbroufe. Mais quand je veux... »


Peut-être alors, que si les premières nouvelles m'ont paru si plates, c'est parce que j'ai pris l'habitude des romans à rebondissements, et qu'il faut du temps, tout comme il faut un peu de temps pour entrer dans un film de Tarkhovski après avoir regardé d'une traite les 3 premières saisons de Prison Break ou de Walking Deads. Bien-sûr, on aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, que la tonalité du recueil ne soit pas entièrement mélancolique. J'aurais aimé que l'écriture de Bernhardt Schlink accepte un peu plus de relief. Mais c'est parce que le style de ces Mensonges d'été, parus chez Folio Poche, est parfois à la limite du lisse, que ce qui s'y reflète, inexorablement, ce sont nos propres mensonges, les petites compromissions avec lesquelles nous avons appris à composer. 

Mensonges d'été, Bernard Schlink, chez Folio. 349 pages

La chronique audio est disponible ici. Le fond sonore est un arrangement à base de Bach qu'on entend dans Solaris de Tarkhovski, et que Bach tient une place particulière dans une des nouvelles du recueil. 

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