Ce que j'ai pensé de

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Des bouquins, et pas de place pour les ranger

lundi 5 septembre 2016

L'ours est un écrivain comme les autres. Kotzwinkle, chez 10|18

L'ours est un écrivain comme les autres, est un petit roman divertissant de William Kotzwinkle, disponible chez 10-18.

Arthur Bramhall est un écrivain en crise. Les écrivains sont sans doute toujours plus ou moins en crise, mais lui vient de voir son manuscrit brûler dans l'incendie de la maison où il s'est extirpé pendant un an de sa pesante charge de professeur de littérature. Mais c'est un écrivain, alors, il écrit à nouveau son livre, et pour ne pas que l'histoire se répète, il le cache dans la forêt, dans une mallette, dissimulée sous des branches, au pied d'un épicéa. Bientôt, il sera publié et le monde saura enfin la tendresse que cachent les femmes aux jambes velues de cette Amérique profonde, entre une partie de pêche et la contemplation d'un ours dans la forêt. Mais c'est un ours qui contemple les pages du manuscrit qu'il a trouvé au pied de l'épicéa. Il y trouve ce qu'il faut de scènes d'accouplement, de grands espaces, et y voit l'occasion d'avoir accès aux montagnes de victuailles parmi lesquelles vivent les humains. Parce qu'il trouve que Dan Flakes est un pseudonyme plus appétissant qu'Arthur Bramhall c'est celui que choisit l'ours pour conquérir le monde de l'édition.

On n'échappe à aucun des clichés de ce type de livres : quiproquo sur le langage, description satirique du monde de l'édition, du show business, de l'entertainment à l'américaine, face auxquels la forêt nord américaine et ses bouseux taciturnes sont les garants d'une authenticité précieuse, et on aurait aimé, enfin j'aurais aimé être plus souvent surpris, car il faut être surpris pour rire franchement. Mais on sourit, beaucoup, souvent. Allez, on rigole même parfois, et on ne s'ennuie jamais. Le livre est rafraîchissant parce qu'il exploite avec roublardise le contraste entre la force dangereuse du plantigrade et sa tendresse naturelle, son honnêteté totale, comme un négatif parfait des hommes et des femmes égarés des villes étriquées où ils se contraignent à vivre. Alors, bien-sûr, la métaphore de la société de consommation est un peu grosse, cet ours qui renonce à l'instinct, à la liberté, à l'odeur des forêts, à l'espace, à son territoire et aux femelles de son espèce juste parce que le miel et les chamallows sont disponibles à volonté dans le nouvel univers qu'il conquiert.
Mais quand elle est joliment présentée, la facilité permet aussi de prendre un roman comme on prend de courtes vacances, et on peut lire L'ours est un écrivain comme les autres, de William Kotzwinkle, paru chez 10-18 comme on ferait une courte hibernation dans une forêt joyeuse et accueillante



Pour l'audio, ce sera dès que j'ai le temps. 

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