J'ai chroniqué assez durement "Comment parler des livres que l'on n'a pas lus", parce qu’il me semblait que Pierre Bayard y survalorisait le désir de montrer sa culture au plaisir hédoniste de la lecture. Le ministère des affaires étrangères a réglé pour nous ce dilemme en permettant au génie français de parvenir jusqu'à nos petites cervelles sous la forme de condensés élégants au sein desquels la pensée d'un membre mort de l'establishment philo-littéraire est embaumée par un membre vivant ( du moins lors de la rédaction de l'opuscule).
Ces petits bijoux m'ont été rapportés de l'ambassade du Laos par un écrivain trop discret.
Il m'a semblé juste de commencer par l'ouvrage consacré par Michel Lisse à Jacques Derrida. En effet, j'avais une image plutôt négative de Jacques Derrida : faiseur de phrase, gonflant les mots comme un Lacan qui voudrait se faire plus gros que le Freud, philosophe verbeux recyclant à l'infini, assez pour faire croire qu'il était l'inventeur du terme déconstruction, ou que ce terme présentait une révolution conceptuelle majeure.
Alors qu'en fait, c'est bien, bien pire que ça.
Michel Lisse, citant Jacques Derrida citant Heidegger, ça donne :
"[...] si la mort est bien la possibilité de l'impossible et donc la possibilité de l'apparaître comme tel de l'impossibilité d'apparaître comme tel, l'homme, ou l'homme en tant que Dasein, n'a jamais, lui non plus rapport à la mort comme telle, seulement au périr, au décéder, à la mort de l'autre qui n'est pas l'autre."
Plus loin, c'est trop loin. J'ai encore du mal à voir le progrès par rapport à Épicure qui écrivait il y a 23 siècles :
" Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons la mort n'est pas là et lorsque la mort est là nous n'existons pas."
Je tiens l'ouvrage à disposition pour ceux qui ont envie de rigoler un peu après un dimanche à table.
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