J'ai tenté la traduction simultanée de la chronique de Sebastian Kovac, un critique littéraire yougoslave qui vit en Charente et qui est passé enregistrer chez nous. Le résultat audio est ici. Pour la version ci-dessous, une meilleure traduction a été rédigée après-coup.
The PR woman from Folio told me : " You will like Jonathan Coe, i'm sending you à bilingual edition of 9th and 13th, it's a collection of his short stories." I didn't read it right away. Maybe because i knew i'd had this stupid idea to write a bilingual chronicle. And as i'm hardly fluent myself, i was not eager to get ridiculous. But as soon as I opened it, I knew that Mrs PR had been right : i liked Jonthan Coe.
L'attachée de presse de chez Folio m'avait dit : "Vous allez aimer Jonathan Coe. Je vous envoie une version bilingue de 9ème et 13ème,désaccords parfaits, c'est le recueil de ses nouvelles." Je ne l'ai pas lu tout de suite. Peut-être parce que je savais que j'aurai cette idée idiote d'en écrire une chronique bilingue. Comme je ne parle même pas vraiment couramment anglais, je n'avais pas hâte de me ridiculiser. Mais dès que j'ai ouvert le livre, j'ai su qu'elle avait raison : j'aimais Jonathan Coe.
The PR woman from Folio told me : " You will like Jonathan Coe, i'm sending you à bilingual edition of 9th and 13th, it's a collection of his short stories." I didn't read it right away. Maybe because i knew i'd had this stupid idea to write a bilingual chronicle. And as i'm hardly fluent myself, i was not eager to get ridiculous. But as soon as I opened it, I knew that Mrs PR had been right : i liked Jonthan Coe.
The
first short story is all smoke and mirrors. The reader is tricked
into believing it's all about ghosts, believing in them or not, and
the writing respects the codes of the genre, a story within a story,
distorded images, gigantic shadows, but at the very moment one would
think it's been done before, it becomes clear that really it's all
about childhood, disenchantment.
The
same theme is the core of the second story, which begins with an
elegant play on words. The crossing of numbered streets, namely the
9th and the 13th, refers to the eponymous jazz chords. Ambiguous
ones, as they can lead to several harmonical resolution. The player
keeps thinking to what would have happened if he chose another final
chord...
The
whole book became even more meta, when i read a short story called
VO. An english composer attends a french horror film festival. And a
girl with whom he might have an affair, or not, is translating to
english the french subtitles of a german movie written by a woman
with whom he has had an affair, or not.
Of
course, one would have liked, well, I would have liked, the narrator
and the writer to be both more straightforward. But this is precisely
what it's all about. The fear of hurting, sometimes, hurts more than
the intended intial behaviour. This over scrupulous trait reveals an
obsessionnal personnality that leads the narrator of the last short
story to seek for decades all the available details about The private
life of Sherlock Holmes, an underrated movie of Billy wilder. And
this hidden quest seems to have led him to what he is now : an art
critic, a movie specialist, a writer, a novelist.
In
9th and 13th, available in Folio's bilingual edition (with a perfect
translation, unlike this chronicle) that is precisely what Jonathan
Coe tells us. Whichever choice you make, your obsessions will always
lead you to the same path : your own.
L'attachée de presse de chez Folio m'avait dit : "Vous allez aimer Jonathan Coe. Je vous envoie une version bilingue de 9ème et 13ème,désaccords parfaits, c'est le recueil de ses nouvelles." Je ne l'ai pas lu tout de suite. Peut-être parce que je savais que j'aurai cette idée idiote d'en écrire une chronique bilingue. Comme je ne parle même pas vraiment couramment anglais, je n'avais pas hâte de me ridiculiser. Mais dès que j'ai ouvert le livre, j'ai su qu'elle avait raison : j'aimais Jonathan Coe.
La
première nouvelle est un exercice de poudre aux yeux. On fait croire
au lecteur qu'il s'agit de fantômes, et l'écriture respecte tous
les canons du genre, une mise en abyme, des images distordues, des
ombres gigantesques, et au moment précis où on se dit que tout cela
a déjà été fait, il devient clair que ce dont on parle vraiment,
c'est de l'enfance, c'est de désillusion.
Cette
même thématique est au coeur de la deuxième nouvelle, qui commence
avec un jeu de mot élégant. Le croisement de rues numérotées, en
l'occurence, la 9ème et la 13ème, fait référence aux accords de
jazz éponymes. Des accords ambigus, puiqu'ils peuvent aboutir à
plusieurs résolutions harmoniques. Le musicien se demande sans cesse
ce qu'aurait été sa vie s'il avait choisi un autre accord final...
A
la lecture de la nouvelle suivante, intitulée Version originale, le
livre atteint un niveau supérieur de mise en abyme. Un compositeur
anglais assiste à un festival français dédié aux films d'horreur.
Une jeune femme avec qui il a, ou pas, une liaison, lui traduit en
anglais les sous-titres français d'un film en allemand écrit par
une femme avec qui il a eu, ou pas, une liaison.
Bien-sûr,
on aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, que le narrateur comme
l'écrivain fussent un peu plus directs.
Mais c'est précisément de cela qu'il s'agit. La peur de faire mal, parfois, fait plus de mal que l'intention première. Et cette scrupulosité excessive révèle une personnalité obsessionnelle, celle qui pousse le narrateur de la dernière nouvelle à chercher, pendant des décennies, tous les détails disponibles sur La vie privée de Sherlock Holmes, le film de Billy Wilder. Et c'est cette quête secrète qui semble avoir fait de lui ce qu'il est aujourd'hui : un critique d'art, un spécialiste du cinema, un écrivain, un romancier.
Mais c'est précisément de cela qu'il s'agit. La peur de faire mal, parfois, fait plus de mal que l'intention première. Et cette scrupulosité excessive révèle une personnalité obsessionnelle, celle qui pousse le narrateur de la dernière nouvelle à chercher, pendant des décennies, tous les détails disponibles sur La vie privée de Sherlock Holmes, le film de Billy Wilder. Et c'est cette quête secrète qui semble avoir fait de lui ce qu'il est aujourd'hui : un critique d'art, un spécialiste du cinema, un écrivain, un romancier.
Ce
que nous dit Jonathan Coe dans 9ème et 13ème, désaccords parfaits,
dont l'édition bilingue, au titre près, propose une traduction
parfaite (contraitement à cette chronique) c'est que quelles que
soient les décisions qu'on prenne, nos obsessions nous ramènent
toujours sur le même chemin : le nôtre.
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