L'ours
est un écrivain comme les autres, est un petit roman divertissant de
William Kotzwinkle, disponible chez 10-18.
Arthur
Bramhall est un écrivain en crise. Les écrivains sont sans doute
toujours plus ou moins en crise, mais lui vient de voir son manuscrit
brûler dans l'incendie de la maison où il s'est extirpé pendant un
an de sa pesante charge de professeur de littérature. Mais c'est un
écrivain, alors, il écrit à nouveau son livre, et pour ne pas que
l'histoire se répète, il le cache dans la forêt, dans une
mallette, dissimulée sous des branches, au pied d'un épicéa.
Bientôt, il sera publié et le monde saura enfin la tendresse que
cachent les femmes aux jambes velues de cette Amérique profonde,
entre une partie de pêche et la contemplation d'un ours dans la
forêt. Mais c'est un ours qui contemple les pages du manuscrit qu'il
a trouvé au pied de l'épicéa. Il y trouve ce qu'il faut de scènes
d'accouplement, de grands espaces, et y voit l'occasion d'avoir accès
aux montagnes de victuailles parmi lesquelles vivent les humains.
Parce qu'il trouve que Dan Flakes est un pseudonyme plus appétissant
qu'Arthur Bramhall c'est celui que choisit l'ours pour conquérir le
monde de l'édition.
On
n'échappe à aucun des clichés de ce type de livres :
quiproquo sur le langage, description satirique du monde de
l'édition, du show business, de l'entertainment à l'américaine,
face auxquels la forêt nord américaine et ses bouseux taciturnes
sont les garants d'une authenticité précieuse, et on aurait aimé,
enfin j'aurais aimé être plus souvent surpris, car il faut être
surpris pour rire franchement. Mais on sourit, beaucoup, souvent.
Allez, on rigole même parfois, et on ne s'ennuie jamais. Le livre
est rafraîchissant parce qu'il exploite avec roublardise le
contraste entre la force dangereuse du plantigrade et sa tendresse
naturelle, son honnêteté totale, comme un négatif parfait des
hommes et des femmes égarés des villes étriquées où ils se
contraignent à vivre. Alors, bien-sûr, la métaphore de la société
de consommation est un peu grosse, cet ours qui renonce à
l'instinct, à la liberté, à l'odeur des forêts, à l'espace, à
son territoire et aux femelles de son espèce juste parce que le miel
et les chamallows sont disponibles à volonté dans le nouvel univers
qu'il conquiert.
Mais
quand elle est joliment présentée, la facilité permet aussi de
prendre un roman comme on prend de courtes vacances, et on peut lire
L'ours est un écrivain comme les autres, de William Kotzwinkle, paru
chez 10-18 comme on ferait une courte hibernation dans une forêt
joyeuse et accueillante
Pour l'audio, ce sera dès que j'ai le temps.
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