Quelle
mauvais surprise : le livre du mois dans la catégorie littérature,
dans le cadre du prix des lecteurs du Livre de Poche est L'unité, de
Ninni Holmqvist, et non Le Diable tout le temps de Donald
RayPollock, que j'avais encensé ici.
L'Unité
est la preuve qu'il ne suffit pas d'une bonne idée pour faire un bon
livre. Car l'idée de départ du livre est extraordinaire. Toute personne de plus de 50 ans ne pouvant justifier de son utilité est
déclarée superflue. Les superflus sont regroupés dans une Unité,
dans l'attente... On craint la métaphore concentrationnaire, mais
l'Unité ressemble à un immense centre commercial sous cloche, avec
des magasins, des salles de sport, des clubs de peinture, et tout est
accessible à chacun, gratuitement. Le paradis communiste pour tous.
C'est parce que les superflus doivent se sentir bien, être en bonne
santé pour pouvoir... être de bons cobayes. Chacun est tenu de
participer à des expérimentations biologiques, ou de donner ses
organes, le tout pour le maintien en bonne santé des autres, les
nécessaires, de l'autre côté de la bulle.
Ce Soleil vert actualisé commence pourtant remarquablement bien,
tout est poli, tout est rationnel, tout est terrifiant. Bienvenue en
Suède.
Mais
le reste s'enchaîne comme un jeu théorique. Les personnages
manquent de chair (c'est un comble pour des donneurs d'organes désignés volontaires) si bien qu'on peine parfois à les
distinguer. Ils ne sont là que pour porter les situations qui
découlent du paradigme de départ. Si bien qu'on ne souffre pas
quand ils tombent malade et qu'on les voit disparaître avec une
indifférence qui finit par ressembler à de l'ennui.
Le
déroulement de l'histoire est linéaire à double titre. Non
seulement il n'y a qu'une histoire, et pas de chemins de traverse,
mais le rythme est toujours le même. Bien-sûr on est parfois
surpris par quelques événement inattendus, car Ninni Holmqvist est
pleines d'idées originales, enfin, pleine d'idées, mais elles ne
sont pas amenées, elles tombent là comme un cheveu sur la soupe. Pour conserver le bon taux de péripéties par pages. Au final,
tout arrive trop vite, comme un vin qu'on débouche trop tôt, et on
a l'impression de regarder un téléfilm. Sa nomination comme
livre du mois reflète la facilité qu'on a à lire ce télélivre, elle reflète le talent de Nini Holmqvist à identifier les éléments
nécessaires : de l'horreur, un peu de mummy porn, et bien sûr, faire rêver le lecteur avec des personnages qui sont tous un peu artistes, pas un blaireau dans le
lot, que des gens cultivés et délicats. On aurait aimé, enfin,
j'aurais aimé, que l'écriture soit à la hauteur de l'idée de
départ, car Nini Holmqvist ouvre des pistes passionnantes. Pas
seulement en termes de suspense, mais en termes d'éthique, de
progrès, de société. La seule véritable surprise est la fin du livre, qui met en perspective ces question, une fin dérangeante, ouverte comme un début. C'est un avantage car
tout le monde ressentira du plaisir grâce à L'unité, de Nini
Holmqvist, paru au Livre de Poche, si ce n'est pas en le lisant, ce
sera en le terminant.
L'Unité, de Ninni Holmqvist, 7,10 € au Livre de Poche.
Pas d'audio pour cette chronique, faut pas pousser.
Ah ben ça me tentait...
RépondreSupprimer(ps : content d'avoir trouvé un bon blog où il n'y a pas 150 copines qui commentent systématiquement chaque nouvel article)
Moi, j'ai adoré ton commentaire, j'espère que tu vas bien ma chérie. Au fait, tu lu le dernier Benoite Groult ? Continue comme ça, ma belle.
RépondreSupprimerTrêve de conneries, si tu le veux, file moi ton adresse, je te l'envoie, ça te plaira peut-être plus qu'à moi ?
Bah, j'ai hésité avant de le mettre au retour, visiblement j'ai bien fait. Et comme j'ai une pile monstrueuse de SP à côté de mon lit (que tu as pu voir sur mon dernier article), je vais passer à côté. Mais merci d'avoir proposé !
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